Au Tibet, région sensible, règne un ordre malaisé, combinant force des armes et méga investissements, dans l’espoir de gagner la paix. L’effort est symbolisé par ce chemin de fer Golmud-Lhassa en MM$, record de difficultés techniques, qui ouvre au public au 1er juillet et sera prolongé vers Shigatse.
Mais il est des choses que Pékin ne peut faire seul, comme exploiter les réserves tibétaines de pétrole, estimées à 10MMt rien qu’à Qiantang.
La CNPC – la compagnie nationale pétrolière – n’a su forer aucun des 10 puits prévus par son plan sur trois ans: c’était trop cher, trop profond (à 5200m), et sous des conditions géologiques et climatiques extrêmes. Aussi Pékin prépare-t-il l’ouverture aux étrangers, au 2d semestre 2006, 10 blocs de prospection au Tibet, sous supervision de la CNPC.
Pour la Chine, c’est une ouverture audacieuse et l’indice d’une confiance dans la stabilité locale. Mais là aussi, il y a loin de la coupe aux lèvres.
Le Dalai Lama en exil et la très forte image du Tibet à l’étranger (nourrie par les visites officiel-les du Dalai, commis voyageur du Toit du monde), rendent l’implantation périlleuse pour les firmes étrangères. Holiday Inn et Sinogold (groupe minier australien), voire la Banque Mondiale le savent bien, ayant tous été contraints, par la presse et la bourse, à quitter le Tibet…
Une dernière note n’allégera pas le tableau : Rigzin Choekyi et Lhundrub Zangmo, les « nonnes chantantes » libérées après 9 et 12 ans de prison pour cantiques indépendantistes, ont gagné l’Inde via le Népal (à pied), pour échapper aux sévices, faute d’avoir obtenu le droit de regagner leurs couvents. Autre signe qu’entre Chine et bouddhisme tibétain, l’absence de réconciliation commence à peser, et se paie au prix fort !
Sommaire N° 20