En 2005 à Zhangjiagang (Jiangsu), le complexe chimique Haobo recruta 10 vigiles, issus du temple de Shaolin, l’ordre bouddhiste combattant.
Depuis la prime enfance, ces jeunes d’humbles origines, arrachés à leurs chaumières pour cette retraite spartiate, s’étaient aguerris au kungfu. Dès l’aube (4 h), ils suaient 60 minutes de jogging effréné, suivi d’une matinée d’arts martiaux. L’après-midi, ils élevaient leurs âmes par l’étude des soutras et la présence obligatoire à de soporifiques offices: existence terne, à mesure que s’éveillaient les sens et leur troublant appel. D’autant que le père-ab-bé dirigeait à la baguette! Ainsi nos jeunes, dans l’usine, se crurent au paradis, plastronnant avec leurs uniformes et leur salaire mensuel. Même si l’unique loisir était la TV, voire de rares combats de kungfu en ville!
Bientôt, bien sûr, surgit le problème. Face aux rares filles de l’usine, nos godelureaux rougissaient comme pivoines, ayant été formés à 谈虎色变tan hu se bian, «pâlir rien qu’à parler du tigre» (euphémisme bouddhiste pour la femme) – mais restant tenaillés d’un lancinant désir !
En désespoir de cause, Haobo fit appel au journal local, qui publia leur quête de nourritures terrestres, agrémentée d’une honnête promesse de convoler sous les liens du mariage. A cet appel si peu commun, comment réagiront les filles de Zhangjiagang? Refuseront-elles de déniaiser ces jeunes, les dénigrant comme sans fortune ni avenir ? Ou bien, devinant en eux une source cachée de volupté sans pareil, avec leur force virile et leur vertu, voudront elles goûter aux 小子xiaozi, «petits diables de Shaolin»? L’avenir dira !
Sommaire N° 2