Temps fort : Chen Jin, l’artiste sans filet, tombé du fil !

A 37 ans, Chen Jin était devenu une idole nationale, professeur titulaire à l’université Jiaotong (Shanghai), doyen d’un institut de nanoélectronique créé pour lui, financé autant qu’il voulait par la NDRC (la Commission nationale de développement et de recherche) et le Conseil d’Etat, PDG de belles start-up entre Chine et Austin (Texas), proche du centre de R&D Motorola où il avait passé son PhD…

Chen incarnait une politique

[1] De R&D d’Etat (Pékin y consacre 1,5% de son PIB), et

[2] de rappel des cerveaux formés à l’Ouest. Retourné en 2000, Chen avait inventé en 2003 Hanxin, 1er microprocesseur chinois surpuissant (200M d’opérations /sec.). Hanxin prouvait la capacité de la Chine à rattraper l’Occident sur le terrain high tech, et Chen, le patriotisme chez les jeunes -il avait abandonné un salaire de 80.000 Usd/an…

Toute cette aura dorée explosa  le 12/5, après 5 mois d’enquête suite à une dénonciation sur internet : son invention était fausse. A Austin, il avait volé la puce à Motorola. Hanxin n’existait pas!

La réplique du régime fut à la hauteur de sa déception. Chen perdit ses crédits et avantages, fut banni à vie de la recherche publique. Pékin eut le courage rare de nettoyer son scandale-suivant l’exemple de Séoul qui venait de briser Hwang Woo-suk, son biogénéticien-étoile faussaire. Dans la tempête, le monde de la R&D chinois s’interroge : « Chen était un vrai génie—pourquoi avoir fait çà?»

Tous l’admettent : plagiat et piratage, dans ce microcosme, sont banals -Chen n’était pas le seul. A la pointe du système, Chen savait qu’on attendait de lui des résultats surnaturels, qu’il ne pourrait pas fournir- sauf en trichant.

Moins que Chen, c’est le système qui est en échec : en privant ses individus, même les plus brillants, de la maturité et confiance en eux; et créant une obligation de résultat, peu propice à la recherche ! 

 

 

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