Le 1er mai, fuyant les villes, il est temps d’aller rejoindre la Chine profonde. Le Vent de la Chine voyagea à 1500km d’écart, du Sichuan au Hebei : il y retrouva cette même volonté neuve du régime, de restaurer le patrimoine local, l’écologie, réhabiliter l’architecture !
A 10heures de Chengdu à travers crêtes alpines et cols enneigés, c’est Tagong, hameau tibétain à 3800 m d’altitude, aux maisons de granit, toits d’ardoise, portes liserées de blanc, volets gravés d’arbres, chevaux et conques polychromes, et bordé de sa lamaserie, son joyau.
Vision joyeuse, incroyable en Chine : aucun béton ni tour ne déflore Tagong. A 70% Tibétains, les gens vivent de l’élevage de yak (pour sa fourrure, sa viande, son beurre), et d’un tourisme inspiré par Pékin, grâce à des normes et à des primes à la restauration. Au bénéfice des touristes, les jeunes se parent de leurs tenues ethniques et posent -1¥ la photo. Sur une ardoise, dans l’auberge, un mot d’anglais discret : «Merci de nous faire vivre, par votre visite».
D’un autre côté, à 5 heures de Pékin, derrière Shijiazhuang, se cachent des trésors d’architecture tel Cangyan, monastère perché sur un précipice de 100m. Par les routes sinueuses, des plantations nouvelles, noyers et fruitiers. Les murs de pierre sèche ont été remontés à l’ancienne. Les villages sont propres et restaurés. Partout se dressent les slogans «Ecotourisme! Restauration de notre environnement»… On s’efforce de réparer des décennies de dégâts des brigades de production, pour forcer à pousser un blé inadapté à ces collines arides, au ciel aujourd’hui ocre…
Clairement, à travers ces régions, une révision a lieu : réconciliation avec la nature et non plus son massacre. Et face au Parti, l’amertume du passé s’estompe : la politique volontariste fait naître une hésitante gratitude !
Sommaire N° 17