Le 8/04 à Pékin, Lok Soonchoo, Président d’EMC (US) aurait mieux fait de rentrer chez lui après dîner au lieu de repasser au bureau: Rebecca sa secrétaire avait fermé, et il avait oublié sa clé. Enragé, il lui ordonna par mail de ne plus s’absenter à l’avenir sans en référer aux chefs!
En tel cas, tout Chinois s’excuse platement. Rebecca elle, fut l’électron libre, le cas sur 1million! Par un « reply » nucléaire destiné à tout le groupe en Chine, elle se rebiffa : «boucler le bureau était son devoir à elle. Oublier ses clés était sa faute à lui. Tout chef qu’il était, il n’avait le droit ni de toucher à ses heures de repos, ni de se dispenser d’être poli».12h plus tard, la toile nationale vibrait de cet acte d’insolence – feifeiyangyang («brûlant comme la vapeur, léger comme la poussière»). Des millions d’internautes sacrèrent Rebecca, la plus «vache» secrétaire du pays (c’est un compliment).
Ce que l’histoire révèle, est le malaise chinois face aux rapports de travail plus clairs et plus égaux, à la mode de l’Ouest, peu dans la façon locale. Mais dans cette inquiétante liberté, jusqu’où aller ? A la rébellion ?
Sur les 50000 sondés par Sina.com, 70% votèrent contre Lok, 75% pour Rebecca. Son atout-maître fut de répondre en chinois, à un message en anglais, langue interne de la multinationale – telle une Jeanne d’Arc se levant pour bouter l’anglais barbare hors du pays ! Ce rejet a un précédent : en 1966, un lycéen avait rendu copie blanche, et dénoncé l’impérialisme du sujet d’examen: Mao avait soutenu le cancre, donnant ainsi le signal de départ de la Révolution Culturelle!
Pour sa faute, Rebecca fut chassée. Mais Lok fut «démissionné», par une maison-mère craignant la pub indésirable. Ainsi cet incident banal en soi, vient contre toute attente d’attirer l’attention nationale : c’est qu’il révèle un spasme rare, d’une société en pleine douleur d’accouchement de son avenir !
Sommaire N° 17