Editorial : Liens Pékin-Vatican : un pas en arrière, un pas en avant !

Entre l’Eglise catholique et la Chine, une crise vient d’éclater. Jusqu’à avril, Pékin et le Vatican avaient un arrangement : dirigée par son Secrétaire général Liu Bainian, l’Association Patriotique Catholique désignait les évêques, mais consultait Rome. L’élection de Benoit XVI (Pape non issu d’un pays communiste) avait permis d’aller plus loin: les évêques consacrés, recevaient en chaire l’annonce la bénédiction pontificale.

La rupture a eu lieu les 30/04 et 3/05 : deux évêques furent désignés à Kunming (Yunnan) et Wuhu (Anhui) sans l’accord du Pape, qui menaçait d’excommunication! Liu Bainian prétendit que Rome, informée, aurait « oublié de répondre »…

Qui a voulu cette rupture? Confronté à une renaissance de la demande spirituelle, surtout dans les campagnes,  le pouvoir souhaite mieux contrôler son clergé avant de rétablir les liens formels. Sur 92 diocèses, 42 n’ont plus d’évêques. Or, qui nomme ces évêques, tient l’église. On note que les prélats désignés par le régime, sont jeunes, sur leur 40aine, faits pour durer…

Mais pour autant, Pékin ne veut pas briser sa paix religieuse. Après les 2 ordinations sauvages,  une autre suivit le 7/5 à Shenyang (Liaoning) —celle de Paul Pei Junmin,  approuvée par Rome -convenue en commun. Pour confirmer le souci d’apaisement, le 9/5, Pékin sortait de sa réserve -fait très rare- pour réaffirmer son désir « sincère et volontaire » d’améliorer les relations. L’église de l’ombre pour sa part, évoque une angoisse matérialiste de certains prélats officiels, de perdre les cures et prébendes rendues par l’Etat, et qu’ils ont détournées à leur profit.

La crise couvre aussi un conflit d’hommes: Liu n’est pas prêtre, mais aurait voulu l’être. Joseph Zen, l’archevêque de Hong Kong juste nommé, est vu à Pékin en «ennemi», et ne manque pas une occasion pour réaffirmer l’exigence de liberté et droits de l’homme. Or ces deux hommes se connaissent bien, et Liu, quoique moins légitime, croit comme lui agir dans l’intérêt de ses ouailles, en les représentant auprès du régime…

Enfin, le 14/5, un 4ème prélat était intronisé à Ningde (Fujian) contre le Pape : le fléau du pouvoir oscille de nouveau dans l’autre sens, privilégiant la défense de ses hommes, à la réconciliation.

NB : Dans cette crise, le bas clergé fait les frais, déchiré entre autorités temporelle et spirituelle, et les pressions pour boycotter, ou bien soutenir ces ordinations. Et en fin de compte, Pékin expose ses divisions et atermoiements, autant incapable de réconcilier, que de rompre !  

 

 

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