Liu, de Lanzhou (Gansu) en fit voir des vertes et des pas mures à Lan, son amie : chef du marketing, chouchou du PDG d’un groupe local, Liu tombait toutes les femmes. Plus qu’une double vie, c’était une vie de bâton de chaise tissée de mensonges et d’explications scabreuses.
Après 6 mois d’enfer, Lan quitta l’infidèle: sa souffrance lui inspira une action inédite.
Pour dénoncer le parjure, et que臭名昭著chou ming zhao zhu, «sa réputation puante fasse tache d’huile», elle créa un site, invitant les victimes à trahir les voleurs d’amour, révélant noms, tél, photo, adresse, carte d’identité. L’hébergeur s’inquiéta: en 3 jours, 1000 éplorées vinrent des 4 horizons remplir leur fiche: certaines avec enfants, d’autres allégées de leur épargne, d’autres suicidaires. Il fallait réagir, sous peine de voir s’assembler des millions de filles qui chanteraient «plaquées de tout le pays, unissez vous !» : après 72h, le site fut fermé au nom de l’illégalité de la démarche, et d’atteinte aux «droits de l’Homme»!
La démarche fait réfléchir. Par sa mobilisation, elle dépassait le simple but de vengeance. En toute naïveté, elle visait à canaliser l’amour. Protéger la femme, mais aussi l’homme des tentations qui brisent, brider l’insoutenable légèreté des mâles chinois. Projet totalitaire, mais aussi défense d’une harmonie sociale.
Le projet matriarcal était indéniable – tentation de coup d’Etat sur l’amour. Cette infiltration de la femme vers le pouvoir se lit dans d’autres domaines de cette société : comme dans la furia des lycéennes au bac, qui -quoique minoritaires-, empochent à force d’assiduité aux études, la majorité des places en faculté.
C’est peut-être cette ambition, tôt reconnue, qui enterra l’action de Lan. Contrairement à la féministe occidentale, celle de Chine ne cherchait pas l’égalité, mais l’harmonie du groupe. Et pas de doute : dans cette quête imprescriptible, Elles n’ont pas dit leur dernier mot -s’impatientant d’occuper enfin, « la moitié du Ciel » !
Sommaire N° 16