Le 24/ 04, 310 Chinois atterrissaient à Canton, après trois calamiteux jours d’exode, fuyant les îles Salomon et leur « Chinatown » en cendres. Ces violences avaient éclaté six jours plus tôt dans la capitale Honiara, suite à la réélection d’un1er ministre impopulaire, Snyder Rini : deux rumeurs colportaient que Pékin, voire Taipei auraient acheté les votes. L’avenir semble avoir donné raison à l’une et à l’autre !
En effet, dès le résultat connu, des milliers d’insulaires se précipitèrent vers le quartier chinois et le pillèrent copieusement. Iles misérables de 530.000 habitants, les Salomon sont un des 25 Etats reconnaissant Taiwan, moyennant -peut-être – 10M$ /an, sans compter de multiples gâteries pour quelques 10aines de petits notables. Que Pékin cherche à surenchérir est logique. En mars, Wen Jiabao était venu dans la région micronésienne (cf VdlC n°13), offrir 300M² en prêts aux 8 voisins ayant voté chinois: un Jet pour Vanuatu, un stade à la Papouasie, l’internet aux Fidji — mais rien aux Salomon.
Le message a été entendu par la rue de Honiara : conspué, Rini démissionne (25/4), et en toute bizarrerie institutionnelle, c’est le perdant aux élections, M. Sogavare qui reprend les rênes. Lui n’a rien contre le fait de changer de Chine, pour «reconnaî-tre la place de la Chine dans le monde », et pour «avancer », empocher le cadeau chinois !
Lors des émeutes, un témoin observe que les insulaires ont détruit le Chinatown par jalousie de cette diaspora trop envahissante—comme sur de plus en plus de continents, Afrique, Asie du Sud-Est…
Les deux ressorts de cette violence apparaissent ici : la rivalité entre les deux Chine et la capacité capitaliste de la diaspora, qui se combinent par hasard au même moment, provoquant un rejet. Quelques années avant, des violences antichinoises de même nature s’étaient répandues en Indonésie : signe des limites du pouvoir d’expansion douce des deux Chine chez leurs voisins, et de cette « diplomatie du chéquier » qui ne règle pas la misère !
Sommaire N° 16