— En février l’Angola a livré à la Chine 2,12Mt de pétrole (+42%) : il devient 1er fournisseur chinois, dépassant l’Arabie Saoudite, leader en janvier devant Angola et Iran ex aequo (1,55Mt chacun).
Entre Angola et Chine, bien des choses se passent, tels ce prêt en 2004, de 2MM$ par l’Eximbank chinoise, telle la création d’une Chambre de commerce chinoise à Luanda (23/3), ou ce projet entre Sonangol et Sinopec, de raffinerie de 31000t/j à Lobito, approuvé semaine passée. Le prêt Eximbank permet au régime corrompu d’éviter les contrôles du FMI – le fonds monétaire international : ce dernier exigeant une l’utilisation «sociale ».
La Chine y trouve son compte, car le prêt est garanti sur le pétrole, et d’autre part, elle doit penser à se constituer des sources pour remplir ses réserves stratégiques —la rumeur lui prête l’intention de se doter d’une réserve de 14Mt d’ici 2011!
— En décembre 2005, la catastrophe de la Songhua a fourni à la SEPA, l’agence nat’le de l’environnement, les arguments pour rappeler au pouvoir la vulnérabilité du pays à un parc pétrochimique précaire, installé sur les hauts cours des fleuves et rivières.
Depuis ce déversement de 100t de benzène dans la rivière sino-russe, la SEPA a constaté 76 autres cas de pollution fluviale grave, « plus que pour toute l’année 2005 »… Aussi a-t-elle immédiatement réagi, et Pan Yue son jeune vice directeur publie (5/04) les résultats : sur 127 centrales, usines ou raffineries-«clés» en bord de rivière inspectées en février, 20 ont été trouvées porteuses de risques nécessitant une intervention immédiate – dont 11 sur le Yangtzé, une sur le Fleuve Jaune, deux à Daya Bay. 202M$ ont été débloqués pour les travaux de remise aux normes. En outre, 44 licences de nouveaux projets ont été suspendues, 16 autres révoquées, pour des investissements de 23,6MM$.
La SEPA reste donc fidèle à son image de « la souris qui rugit ». Mais attention : l’an dernier à la même époque, la SEPA avait publié une autre liste noire de projets. Quelques mois après, la rumeur disait la SEPA en difficulté, et Pan Yue menacé de «promotion» ailleurs, tandis que la plupart de ces projets redémarraient. Aujourd’hui, la tendance repart dans l’autre sens…Pour combien de temps?
— Exemplaire, l’histoire de Hao Jinsong désigné par la presse «héros consumériste de l’an 2005» pour sa victoire à la David contre Goliath sur un ministère, et pas n’importe lequel, celui des chemins de fer, aux rigides traditions militaires. Contre l’argent payé au wagon-restaurant, Hao voulait une facture (发票 fapiao), qu’on lui refusait. Il porta plainte, laquelle fut enterrée par une «cour du rail», avec juge et greffiers à la solde du ministère. A la 3ème plainte, toujours plus haut, il s’adressa aussi à l’Administration Nationale des taxes, à l’ANP (Parlement) et d’autres, accusant les uns de conflit d’intérêt, les autres d’immobilisme…
Il découvrit le pot aux roses du défaut de facture : les chemins de fer ne payaient pas leurs taxes! Puis finalement, miracle, au 1/03 : le ministère, sans broncher, commence à émettre des «fapiao». La plaisanterie lui coûtera pas moins de 10M² /an. Que cet argent demeure à l’Etat, dans les coffres d’une autre administration, n’adoucira pas beaucoup l’amertume du calice.
NB : Pas un expert en son bon sens ne peut voir dans cette victoire le fruit de la seule opiniâtreté d’un homme : le soutien de l’Etat -celui du ministère des finances, par exemple, a pu jouer aussi, pour épingler ce dinosaure de fer, Etat dans l’Etat ayant su se tenir à l’écart de toute tentative de réforme jusqu’à présent!
Sommaire N° 13