Entre janvier et mars, la montagne mondiale des cours du minerai de fer a accouché d’une souris : quatre rondes de palabres sino-brésiliens connurent l’échec. Le fournisseur brésilien CVRD veut une hausse de 24% du cours de référence. Menées par Baosteel, les aciéries chinoises espèrent la limiter à 10%, tablant sur ce qu’elles croient être leur position dominante, leurs 44% du marché mondial par bateau en 2005.
Pékin l’affirme : en 2006, sa demande (+ 120Mt en 2005) «baissera», du fait des fermetures de 60Mt de capacité de bas niveau tandis que l’offre «augmentera», suite à l’entrée d’un 3ème fournisseur, l’Inde. Mais les vendeurs n’y croient pas : pour eux la demande chinoise continuera à monter en 2006, de 10%, à 390Mt!
Après des mois de silence, forcé par sa visite en Australie, le 1er Ministre Wen Jiabao jette l’éponge, découvrant à Canberra (3/04) que «la fixation du prix est l’affaire du marché». Pour sauver la face, il réclame aux Etats vendeurs d’imposer au marché un «mécanisme de stabilisation».
NB : la crise révèle l’immaturité de la Chine face aux rouages du marché mondial, dont elle croyait pouvoir altérer la tendance défavorable par ses leviers étatiques. Elle vient d’apprendre que c’est impossible !
La Chine perd un point, mais en gagne un autre, de taille : ce même jour, Wen Jiabao signe un accord bilatéral garantissant l’usage civil de l’uranium que la Chine veut acheter pour nourrir ses 30 centrales de l’an 2020. Aussi, de discrètes garanties sont prises, sur les contrats à longue durée. A terme, la Chine achètera 20.000t d’uranium. Avec trois mines, l’Australie n’en produit que 10.000t à présent. BHP-Billiton, le géant national des minerais va investir 3MM² pour développer le gisement d’Olympic Dam, qui détient un tiers des réserves mondiales.
Or justement, Yuan Chen, gouverneur de la CDB (la Banque du développement) a visité le site : exprimant des rêves de participation que l’Australie est évidemment à 1000 lieues de partager !
Par contre, ces 2 pays ont d’autres projets :
[1] Canberra entamera, vers 2008, les négociations pour un accord de libre échange.
[2] Les 1ers ministres se verront une fois l’an, pour renforcer les échanges politiques, d’éducation, de tourisme…
[3]Sinochem rachète aujourd’hui Qenos, détenteur de 70% du marché local du plastique…Entre ces deux là, la complémentarité semble infinie. Et si ce n’est un basculement d’alliance (la Chine s’en défend), c’est le passage par l’Australie d’une nouvelle ligne australe – celle de la zone d’influence de l’Empire du Milieu !
Sommaire N° 13