Petit Peuple : Xiangqin : la fête ratée de 1er rendez-vous!

Gâte-sauce depuis 2003 à Suzhou,  Li Kai, 19 ans, retourna au village au chunjie pour y trouver femme.

Mais son espoir de paradis se mua en descente aux enfers! Li Yong, chef du Parti, lui avait choisi Ye Man (fille du même âge et migrante comme lui, bonnetière à Tianjin). Il avait préparé la 1ère rencontre, dite 相亲xiangqin. Arrivé le 1er, Li Kai passa une une demi heure, avec son trac pour unique compagne. A10h30 se présentèrent la soeur et l’amie de Ye Man, qui lui votèrent des sourires froids.

La salle s’emplit de parents et amis. Mis seul face au clan féminin, Li subit un feu roulant de questions dont il se tira mal, parfois plus muet que les carpes de papier aux fenêtres. Plus tard, ni l’offensive de charme de son frère, ni les platitudes du secrétaire ne déridèrent personne: lampant leur thé, les paysans s’observaient en silence, grignotant des graines (guazi) pour garder contenance. Enfin Li Kai obtint le privilège de 3 petites minutes face à Ye Man, pas même seuls à seuls. Gauche et incertaine, elle poursuivit les questions sottes : «tu gagnes combien, as-tu déjà l’appart, le hukou?» (permis de séjour) – on n’était pas vraiment dans la carte du tendre! Mais manquait encore le clou : la rencontre avec le père: comme assis sur un coussin d’aiguilles, Li Kai rougit, oublia tout -même d’offrir une cigarette. Contre tous les usages : avant d’emporter la fille, on dédommage le père. Déçu, l’homme grimaça, soupira «ah-ya!». Il sortit, suivi de sa smala, et puis, en débandade, du clan de Li Kai, au reproche muet.

Pragmatique, le Secrétaire du Parti secoua l’épaule du jeune, et lui donna -peut-être -le meilleur conseil du jour : reprendre ses cliques et ses claques, aller chercher promise à Suzhou, et oublier ces péquenauds de son enfance, et leurs rites qui s’étaient desséchés, faute d’avoir gardé ouverte la voie du coeur !

 

 

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