Coup de noroît pour Areva, le spécialiste français de la centrale nucléaire, candidat en Chine pour 4 unités de son EPR de 3èmegénération, pour 6,7MM² de contrat.
Fin février, il aurait de facto renoncé à ce contrat, faute de céder aux exigences chinoises de cession complète des plans, contrairement au concurrent nippo-US Westinghouse, qui l’aurait fait pour son modèle encore virtuel AP1000, obtenant ainsi d’entrer en négociations «exclusives».
Réveil choquant : jusqu’alors, on croyait que le patrimoine d’expérience du modèle français ferait la différence, et que la Chine ne «voudrait pas prendre les risques».L’exemple du Maglev aurait du suggérer le contraire, train à lévitation magnétique à coût ruineux, pas au point, boudé par tous, même son propre marché allemand, et dont Shanghai a adopté une ligne qu’il s’apprête à prolonger (cf p.2).
Pékin n’aurait donc nul problème à acheter une technologie US non validée : si la rumeur dit juste, il l’obtient pour 400M$ et 15M$ de royalties, sur un nombre limité d’unités. Ce qui pourrait lui permettre de concurrencer sous peu d’années France et US sur les marchés émergents, type Inde ou Brésil.
Certains ont reproché à Areva une offre large à la Chine, package de solutions sur la filière complète (enrichissement, recyclage), alors que Pékin souhaite s’équiper de manière opportuniste, en « manteau d’arlequin »…
Peut-être. De toute manière, Hu Jintao doit sortir en avril de gros contrats aux US : aucune concession française ne pouvait parer cette exigence-là. D’autre part, une constante commerciale chinoise consiste à ménager la concurrence, voire la créer si elle n’existe pas : c’est ce qu’elle fait avec ce choix de refuser un seul partenariat privilégié.
On note en même temps, les difficultés d’Airbus à finaliser d’ici l’été une usine de montage quelque part en Chine. Plus que le site, le point d’achoppement est sur le transfert de technologie. On assiste à un tournant dans l’histoire industrielle globale : Les pays détenteurs des industries de pointe, ne peuvent plus protéger leur transfert, et concernant la Chine, il est désormais quasi-instantané !
Sommaire N° 10