Le X. Plenum de l’ANP (26/2-14/3) a vécu sous deux lumières antagonistes—conflit nécessaire (pour faire coexister réforme et cadre autoritaire), mais fécond en résultats.
En mars 2004, Hu Jintao et son 1er ministre Wen Jiabao se lançaient dans un programme de justice sociale et de consolidation légale. 2005 par contre voyait un raidissement contre toute tolérance.
Cette dualité aboutit le 8/3, lors du Plenum, à une décision qui en éclaire l’enjeu : la démission de Jiang Zemin du poste de patron de l’APL, l’arméee chinoise, mettant terme à de longues années de guerre de succession. Quelles que soient ses sensibilités, le tandem Hu Jintao – Wen Jiabao devait ménager le lobby légué par Jiang, jusqu’à cette échéance!
Aussi à ce Plenum, l’audace des réformes fut proportionnelle au consensus : forte en économie et en droit, diaphane en politique et dans l’administration. En énergie, des actions géantes débutent, telle l’adoption d’ une loi des énergies vertes et les prémisses d’un Ministère de l’Énergie, seul apte à endiguer les ambitions des lobbies électriciens.
En agriculture, l’effort de promotion est renforcé (cf. article « taxation »). 1ère fois depuis 1997, la spirale vers le bas est brisée: en 2004, hausse de 9% de la récolte de grain (469,5Mt), des emblavures à 101Mha (+ 2,2M ha), du revenu rural, +6,8% (mais toujours plus basse que l’urbain, +7,7%).
En droits de la personne, la Cour suprême veut établir (sans date!) des chambres d’appel aux peines de mort (5 à 12.000 cas/an, qui baisseront alors de 30%). Le camp de travail sera limité à 1,5 an au lieu de 4, et doté d’un appel. L‘avortement sélectif deviendra crime, et le harcèlement sexuel (entre autres), un délit. Une loi d‘état d’urgence sera discutée dès 2005.
Indiscutablement, le point focal du Plenum fut le vote d’une loi antisécession de Taiwan, qui prévoit le recours aux moyens non pacifiques, mais dans des termes flous, et assortis d’arguments pour rassurer. Même ainsi, elle comporte un risque pour ses auteurs: celui de les forcer à rétropédaler en 2006 (quand Taiwan modifiera sa constitution), pour éviter alors un conflit international. Avec ses principes durs et ses modalités molles, cette loi semble plutôt destinée à usage interne—faite pour rassurer l’aile dure. Elle trahit les divisions d’un pouvoir bicéphale. Six mois plus tôt, Pékin était moins tranché sur cette question de Taiwan.
Deux priorités s’affrontent : celle de l’APL, et celle de la nation – la paix et la croissance par les échanges. Entre ces options exclusives, le choix reste en suspens!
Sommaire N° 8