Législations nouvelles :
Le 25/2, veille du Plenum, le Bureau de l’ANP poursuit son oeuvre de ravalement de l’appareil industriel, pour favoriser l’éclosion de firmes sur le terreau du défunt outil public.
A la loi des entreprises de 1994, il apporte un amendement de débroussaillement : pour créer une SARL, au lieu des 12.000$ actuels, il en coûtera 3.600$. Un seul fondateur suffira au lieu de deux. Les investisseurs seront mieux protégés, par leur droit de poursuite des patrons et s’ils cumulent plus de 10% des votes (contre 25% à présent), leur droit de convocation d’une AG des actionnaires.
Plus de transparence aussi dans le rachat de PME d’Etat : au terme d’un règlement annoncé, toute reprise devra être approuvée par une branche de la SASAC (registre du patrimoine public), suivant un relevé clair des titres de propriété, afin d’éviter le détournement d’actifs par les salariés.
On annonce enfin pour 2006 une autre grande loi de l’“économie circulaire”, fondatrice du développement durable.
Jeux olympiques de 2008 :
A trois ans du grand Rendez-vous des JO de Pékin, la fébrilité monte dans les administrations et les sphères politique: comment assurer un trafic efficace dans un tissu urbain déjà congestionné, qui passera d’ici là de 2 à 3,5M d’autos ? Durant 15 jours de manif de masse (événement unique, d’habitude banni!), comment marier ordre socialiste strict, sécurité antiterroriste et l’indispensable esprit “touriste et bon enfant”?
Comment éviter les scandales fonciers dont la Chine est si prône? Porter les sifflets noirs (arbitres corrompus) à un niveau de compétence présentable? Eradiquer le dopage, toujours perceptible? Au fond, comment, dans ce système, acquérir l’expérience pour un sans faute, sous 36 mois?
L’ANP, le Parlement, annonce à cet effet une “loi olympique” copiée sur celles d’Athènes 2004, afin de coacher toute réglementation et entraîner toute initiative, comme celle (pour commencer) de voies express pour véhicules olympiques, le temps des Jeux Olympiques!
Diplomatie :
Le 6/3, Pékin met en demeure Japon et USA de ne pas étendre sur Taiwan leur parapluie de défense stratégique, comme ils en ont annoncé l’intention le 20/2.
Plus tard en conférence de presse, un ministre émet des doutes sur la réalité des accusations américaines à la Corée du Nord, selon lesquelles Pyongyang aurait 8 à 10 bombes atomiques.
Puis Pékin va jusqu’à prier Canberra de renoncer au Traité ANZUS de coopération militaire avec les Etats-Unis et la Nouvelle Zélande liant les 3 en cas d’attaque de Taiwan. Peu réaliste, telle demande de rupture de solidarité anglo-saxonne exprime un vieux souci d’encerclement («containment»).
Peut-être surtout, elle s’explique par la tenue du Plenum : durant le grand meeting avec les élus, il est de bon ton pour le pouvoir, de proclamer la défense vertueuse et sans concession des intérêts nationaux.
Le violon sur le toit de l’ANP!
A chaque Plenum, fort légitimement, le pouvoir aime placer parmi les élus, des êtres colorés et personnels, expressions de succès socialiste dans des secteurs insolites.
Cette année, le lauréat est Zheng Quan, shanghaïen, 47 ans, luthier. Et pas dans la “boîte à Camembert”, mais plutôt dans le genre Stradivarius.
Ses débuts furent humbles, comme violoneux d’une petite troupe ambulante de l’Anhui. Las de la vache enragée, il fut heureux d’entrer dans un atelier de lutherie. En 1983, vu ses dons, on l’envoya 5 ans à Crémone, Mecque du violon. De retour en Chine, 24 médailles plus tard (dont 4 en or), il s’est imposé comme un des grands, à la tête de son Institut qui forme à tour de bras : en 2004 dans un concours en Italie, ses élèves ont emporté deux or et deux d’argent. Revers inévitable de ces médailles : de faux “Zheng” circulent, parmi le million de crincrins made in China, un tiers de la production mondiale! Lui-même ne fait que 3 violons par an, tous exportés, à 10.000$ pièce. Mais Zheng a plus d’une corde à son archet, jouant désormais aussi sur le registre politique, comme édile de la nation et défenseur de son canton!
Sommaire N° 8