Editorial : Taiwan, chronique de crise annoncée!

La victoire électorale pro-Ouest en Ukraine a choqué à Pékin, qui l’a analysé comme fruit d’un complot des «forces hostiles n’ayant pas renoncé à (…) occidentaliser et diviser la Chine ».

Ceci nous offre un angle neuf pour observer la lancinante exigence du pouvoir socialiste, du retour de Taiwan  à la mère patrie : une scission provoquée par l’étranger, pour la mettre en péril.

Or, le communiqué nippo-US du 20/2 à Tokyo n’a pu que renforcer de tels soupçons : les émissaires des 2 pays déclarèrent que « la paix au détroit de Taiwan était un objectif stratégique commun». Pour la première fois avec une telle clarté, les pays déclaraient qu’ils défendraient l’île en cas d’attaque militaire! A Pékin, le texte fut rejeté avec colère, comme «s’immisçant dans les affaires chinoises et heurtant les sentiments du peuple chinois ».

Pourtant, la réaction était au fond prévisible! Peu avant face au Congrès, D. Rumsfeld avait dénoncé les budgets toujours en hausse de l’APL, le renforcement de sa marine, de ses missiles  et sous-marins qui n’hésitaient plus à évoluer en eaux nippones! Ce redéploiement des forces chinoises dépassait de loin la seule question taiwanaise : partagé par toute l’Asie, ce souci était le ressort du réchauffement des liens de défense USJapon, tout comme le rapprochement entre Taipei et Tokyo qui vient d’accorder l’exemption de visa aux Taiwanais, refusé aux Chinois!

Il faut bien parler de crise de confiance, entre cette Chine qui craint l’encerclement, et Asie et US qui assistent au réarmement chinois, silencieux et à étapes forcées. Dans ce tableau, l’Europe joue cavalier seul en déclarant «dépassé» l’embargo d’armements à la Chine, et en gardant le cap face à G.W. Bush à Bruxelles (21-22/2), front mené par J. Chirac et G. Schroeder.

Autant de signaux d’une crise en gestation, au compte à rebours enclenché: En 2006, Taiwan va changer sa Constitution, dans un sens inacceptable pour Pékin, qui ne pourra que réagir, induisant Tokyo et Washington à une contre action. Il reste un an aux deux bords, pour faire preuve de créativité et briser le cercle maléfique.

Et justement, on y vient! A Pékin (22-23/2), R. Lawless, vice-assistant américain à la Défense, ouvrait le «1er dialogue politique spécial». Son offre de téléphone rouge entre Bush et Hu, depuis toujours rejetée par Pékin, semblait cette fois acceptable. Preuve que Pékin perçoit l’urgence de se parler !

 

 

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