Contrepartie des concessions chinoises aux partenaires de l’OMC, la levée des quotas de l’Europe et des US aux textiles chinois (1/1) s’est traduite par un raz-de-marée : +792% en France pour les pantalons chinois en janvier, plus 613% pour les pulls… Du coup, Paris et Athènes, traditionnellement enclins au protectionnisme, restent vigilants, prêts à demander à Bruxelles l’enclenchement de clauses de sauvegarde. Le même réflexe est perceptible outre-Atlantique, où dès le 4/01, une cour commerciale spéciale bloquait un processus fédéral qui allait droit vers des quotas…
Le problème le plus sérieux concerne les pays pauvres. A leur bénéfice, Europe et Japon ont supprimé dès 2001 les tarifs textiles, mais les US imposent toujours des droits de 15,6% au Cambodge, 14,6% au Bangladesh, pays dont les recettes d’export dépendent à 97% (pour le Cambodge) du vêtement…
La Chine jouit, elle, d’un tarif US de 3,2%, du fait d’une production high tech moins taxée—et d’un lobbying meilleur! Le bilan, pour ces pays pauvres, pourrait être la destruction d’un métier non remplaçable, et le drame de milliers d’ouvrières confrontées au risque de la prostitution.
Comme il l’a déjà fait avec ceux des zones Caraïbe et sub-saharienne, le Congrès réfléchit à accorder l’exemption à ces pays pauvres d’Asie. En 5 ans, suite à la mesure généreuse, l’export textile de ces régions a triplé vers les Etats-Unis, à 1,7MM$.
Mais sur cette voie, il trouvera un opposant de taille: les producteurs et syndicats américains, qui préféreraient prendre ces pauvres comme moyen de pression pour forcer Washington à appliquer la clause de sauvegarde contre la Chine «pour aider ces gens» : prise d’otages pauvres par les riches, au nom de l’aide au développement !
Sommaire N° 6