Editorial : Chine rouge, Phare vert, pour Planète bleue?

Le protocole de Kyoto a pris effet (16/2) : l’engagement par 141 pays signataires de couper leurs émissions de gaz à effet de serre de 5,2% d’ici 2012.

La Chine obtient le meilleur deal, étant (comme l’Inde) exemptée de tout effort. Ce mécanisme compte un grand absent, les Etats-Unis, 1er pollueur du monde, mais dont le Président G.W. Bush refuse d’assumer sa responsabilité.

Pékin se donne l’apparence de vouloir faire durer son privilège de pollueur. Lors d’une conférence mondiale à Buenos Aires en décembre 2004, Gao Feng son délégué, déclara rejeter tout effort futur de réduction—malgré l’explosion annoncée de ses besoins en énergie. Traduits en équivalent pétrole, ils doubleront d’ici 2020, à 12,7MM barils. La Chine est déjà 2d pollueur mondial derrière les USA, qu’elle doublera en 2030…

Et pourtant, tout change! Cela ne se voit pas, mais ses émissions de Co² ont baissé de 17% entre 1996 et 2000 tandis que l’économie croissait de 36%. Le Chinois produit 2,3t de Co²/an, l’Américain, 8 fois plus.

D’ici mars 2005, Wen Jiabao compte annoncer, lors de la session de l’ANP,(le Parlement) la fermeture de 80 GW voire 140GW de centrales illégales, tandis que 48 autres doivent déjà s’équiper en filtres, ou bien fermer. Ces fermetures seront conduites par la NDRC (la commission nationale de développement et de réforme)la SEPA (l’Agence nationale de protection de l’environnement), à elle seule, ne ferait pas le poids. Elles feront révolution, réduiront les pouvoirs des provinces, amélioreront la propreté des centrales et épargneront la houille qui se fait rare.

En hydraulique, 22 mega barrages sans permis, d’un coût de 14 MM$, ont été bloqués en janvier 2005, -puis rouverts (17/2), après avoir négocié leur licence.

Parallèlement, un vaste programme nucléaire s’annonce, après 10 ans de valse hésitation.

J.P. Raffarin prépare sa venue, pour peaufiner, espère-t-on, un rôle de choix pour EDF et AREVA. Entre-temps, Shougang, l’aciérie de Pékin quittera la capitale en 2010, au terme d’un plan négocié, approuvé, contraignant.

Ainsi voit-on la Chine manier deux langages : officiellement, à la mode d’hier, elle campe sur son acquis. Sur le terrain, elle change tout sans le dire, pour prouver une capacité de balayer devant sa porte, tout en prêtant sa voix au concert international de critiques contre Washington, «menace de mort à l’effort mondial de Kyoto»!

Pékin rêve même d’aller plus loin : s’imposer comme leader de la défense de la planète bleue.

Ses centres d’études et états-majors fourmillent d’idées nouvelles : taxe au charbon, mise des énergies en concurrence. La plus audacieuse est peut-être ce partage mondial (gratuit) des technologies propres, au nom d’une atmosphère patrimoine commun. Ainsi Pékin prépare l’image d’une Chine future ayant beaucoup maturé, aux antipodes de sa réputation présente !

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