Affûtées dans les ministères chinois, les attaques repartent contre les multinationales opérant dans le pays, accusées de position dominante sur le marché local.
Tetrapak ou Microsoft ont chacun 95% du marché. Kodak, avait déjà passé la barre des 50% avant le rachat de 20% de Lucky… Coke tient 70% du marché des petites bulles… Du coup, ressort le monstre du Loch Ness de la loi anti-monopole, laquelle, lit-on, pourrait être validée avant fin 2005, après 20 ans de valse hésitation.
Problème apparent : qui sera l’arbitre, car dans ce pays où l’intervention publique est écrasante dans les financements comme dans les licences, qui tient les monopoles (étrangers ou locaux), tient aussi l’économie!
Trois colosses sont en piste, le Ministère du Commerce avec son bureau des monopoles, la SAIC (administration de l’industrie et du commerce), et la très conceptuelle NDRC, la Commission de réforme et de développement.
Plus profondément, le problème d’une loi des monopoles est que celle-ci devra déréguler, priver de leurs rentes, ministères, agences, provinces, entreprises d’Etat. Telles les 200 compagnies se partageant les 66000 taxis de Pékin, pour en rançonner les chauffeurs, ou les milliers de producteurs locaux du gaz, de l’électricité. La vraie raison de l’immobilisme est là, dans ces pouvoirs abusifs et cachés.
Et si Wen Jiabao trouve urgent d’avancer, c’est que l’absence de brides aux monopoles empêche la constitution du marché unique, avec toutes ces cloisons et pouvoirs locaux que la loi devrait démanteler
Exemple, l’industrie high tech, où la Chine brille, mais l’Inde plus encore, comme l’observe McKinsey. En 2003, la Chine y gagne 6,8MM$, mais l’Inde 12,7MM$. L’émiettement des monopoles locaux protégés, empêche les concentrations : 8000 PME chinoises de logiciels en Chine, pour 3000 indiennes. En Chine, seuls 12% de ces compagnies savent que l’avenir est dans la concentration, et seulement 6 des 30 plus grandes ont une certification crédible, contre 30/30 en Inde.
Tel est l’enjeu de la bataille de la loi des monopoles en Chine : instaurer la concurrence, pour aboutir à des filières de poids mondial, dans les métiers d’avenir, ceux de la matière grise et des services!
Sommaire N° 5