D’ici 2015, par la ronde de Doha, les 149 pays de l’OMC veulent créer 300MM$ d’échanges, en taillant taxes, quotas et subsides.
Prochaine étape: le 6. Sommet ministériel, à Hong Kong (13-18 décembre), sorte de Foire au démantèlement des protectionnismes. Cette ronde s’inscrit sous une tonalité spéciale: le rattrapage des pays pauvres, en ouvrant aux marchés riches, leurs produits agricoles. Or au jour J-22, les fusibles chauffent : l’accord reste encore hors de portée !
Cette semaine vit la tournée asiatique du Président Bush, en Chine les 19-20/11. Tout en tentant de la forcer à réévaluer son RMB-¥, voire à se démocratiser, Bush chercha l’alliance avec elle, entre autre pour isoler l’Union Européenne dans la ronde de Doha. A Pusan, au sommet de l’APEC (Coopération Economique de la zone Pacifique) les 15-19/11) R. Portman, Secrétaire américain au commerce, suivait la même démarche.
Les USA ont offert de couper leurs tarifs agricoles de 60% –mais sans inclure leurs subventions à la production. L’Union Européenne a offert la coupe de 47% sur 92% des produits verts, mais sous conditions, dont le maintien d’un privilège pour ses 60 ex-colonies des ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique), et des concessions multilatérales sur les industries et les services…
Tollé général : Etats-Unis et tiers-monde réclament une concession bien plus forte, que l’Union Européenne n’est pas en mesure de donner, vue l’obstruction par Jacques Chirac —qui craint le démantèlement de la PAC (politique agricole commune), « vache à lait » de la France .
Le grand problème, pour l’Union Européenne, est qu’hormis Union Européenne et US, le reste du monde n’a pas encore fait d’offre, et que la dérégulation voulue exclut les secteurs secondaires et tertiaires, essentielle aux Européens. Les PVD partent du principe que «c’est aux riches de faire le 1er pas». La Chine soutient le tiers-monde, mais évite de parler, par prudence (pour éviter de faire tout capoter), et par refus de nouvelles concessions -estimant avoir déjà payé lors de son adhésion en 2001.
En conséquence, elle sera peu écoutée en cette enceinte, où «ce sont ceux qui paient l’orchestre, qui le dirigent»!
Enfin, l’ambiance morose exprime l’inquié-tude et le désir des camps de s’absoudre à l’avance d’un échec. Pourtant, la situation n’est pas si sombre. Les concessions pointent à l’horizon, de pays émergents, tels l’Inde qui veut l’ouverture des services, le Brésil qui veut plus d’ouverture agricole…
Pascal Lamy, Secrétaire général de l’OMC (organisation mondiale du commerce) propose un sommet supplémentaire en mars, espérant dans l’intervalle, convaincre Paris de lâcher du lest. Un grain de sable historique pourrait inverser la vapeur: les émeutes en France, qui suggéreraient les 149 pays de donner un sursis à l’Hexagone, pour surmonter sa crise !
Sommaire N° 37