Petit Peuple : ‘Mourir d’aimer’, façon chinoise

Le problème du lycéen Gao Yu, à Chengdu (Sichuan), était sa carrure d’athlète. A son insu, il ravagea le coeur de sa prof, Su Li. Un jour d’été 2005, la raison de Su chavira : dans son bureau, porte bloquée, sous l’appât d’une inscription future au meilleur lycée de la ville, elle le séduisit. Pour Gao, la découverte des sens fut d’abord merveilleuse, même si interdite. Puis elle lui pesa : il n’avait pas choisi, et surtout, à 35 ans, Li avait l’âge de sa mère: son image d’autorité morale s’évanouit, laissant place à celle d’une prédatrice instable et avide. Bientôt, Gao vit chuter son attention en classe, ses notes, tandis qu’il se murait dans le silen-ce. Sa mère le cuisina—il avoua…

Elle l’emmena à la police, mais maldonne, celle-ci refusa la plainte : la loi ne connaissait de viol que de l’homme sur la femme, et pas  l’inversion de yin et yang (颠倒阴阳, dian dao yin yang)! Ce cas n’est pas rare en Chine : la justice traite toujours plus de cas d’agressions d’adolescents par des femmes—signe qu’en cette ère post-maoïste, les hommes ne sont pas les seuls sujets du désir. Est-ce un hasard?

En 1969, une affaire similaire défraya la chronique en France, laissant des traces indélébiles dans sa mémoire. Ayant suborné son élève, Gabrielle Russier avait été traînée dans la boue par la presse, embastillée, et s’était suicidée.  Cette fin dramatique avait valu à l’enseignante (passée à la dignité d’héroïne fatale) l’absolution du Président G. Pompidou (citant un vers de Paul Eluard), et du cinéaste A. Cayatte (dans son film “Mourir d’aimer”). Sans s’interroger une seconde, sur le préjudice à la 1ère victime, l’ado, oublié ou déjà coupable. La Chine elle, réagit avec plus de maturité et de pragmatisme. Ni suicide, ni procès: l’opinion se satisfait des 10.000¥ payés par Su Li à la mère de Gao Yu en pretium doloris, et s’interroge gravement sur les moyens de modifier la loi, afin de protéger ses garçons. Preuve qu’il n’est point de petits droits de l’homme. La Chine s’offre la démocratie qu’elle peut, discrètement, sans jamais perdre le fil ni l’espoir !

 

 

 

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