Pariant sur la baisse du cuivre, Liu Qibing (trader au bureau national des réserves, SRB) avait placé au London Metal Exchange (LME), un certain quota du métal rouge sous contrat à terme : le risque semblait léger, Liu avait amplement le temps de racheter la position pour sa livraison au 21/12.
Mais peu après, mystérieusement, le marché flamba : depuis 2 mois, le cours a bondi de 600$/tonne. C’est alors que la catastrophe est apparue dans toute son étendue : Liu aurait placé pour 150 à 200.000t au London Metal Exchange, volume énorme, trois fois l’inventaire total du LME au 11/11… Ce qui laisse penser que des acteurs sur cette bourse auraient spéculé à la hausse, attendant au tournant leur racheteur captif… Le montant du rachat aurait atteint 800M$, la perte sèche 200M$, essuyée en silence par le régime, et depuis des semaines, Liu a disparu. Le Bureau national des réserves fait le gros dos, nie même que Liu émarge parmi son personnel, et tente de faire rebaisser les cours en organisant en catastrophe deux ventes aux enchères de 20.000t. Avec ses 1,3M tonnes de réserves, il devrait aisément calmer le jeu mondial. Mais l’affaire fait désordre!
D’autant que la mésaventure n’est pas isolée. En juin, China Aviation Oil (CAO) à Singapour, avouait soudain 550M$ de dettes, après des spéculations malheureuses de son patron (en fuite!) sur le kérosène.
Le marché découvre ainsi cette classe de traders chinois issus du sérail socialiste, pas toujours habiles ni bien renseignés mais très protégés, optimistes vu la croissance irrésistible de leur pays, qui jouent gros, gagnent souvent, avant d’«atterrir» sur un crash retentissant. La CAO s’en remet lentement, au prix de son indépendance: Temasek (du gouvernement de Singapour) et British Petroleum sont sur les rangs pour son rachat.
Tel sort ne peut advenir au SRB—mais la SASAC, tutelle des grandes entreprises d’Etat, voit bien qu’elle a un problème structurel !
Sommaire N° 37