— Le rachat (25/10) par Carlyle (US) de Xugong, n°1 chinois des engins de chantier ouvre plusieurs pages blanches dans l’histoire industrielle chinoise.
Avec 371M$ déboursés, c’est le plus gros rachat étranger, et le record d’investissement privé. C’est le 1er rachat de grande entreprise d’Etat (GEE), jusqu’à hier hors de portée de l’étranger. C’est enfin la 1ère LBO, reprise industrielle sur crédit hypothécaire.
Autant dire qu’il s’agit d’une vente “politique”, expérience de laboratoire pour sauver une GEE d’une fin autrement inévitable. Comme tout contrat précurseur, il a été longuement négocié (2 ans) avec la ville de Xuzhou (conseillée par JP.Morgan, et qui prépare 76 ventes identiques), et la tutelle nationale, qui doit encore approuver.
Carlyle reprend 85% du groupe. Avec 800M$ de chiffre en 2004, Xugong fait encore illusion, mais sa gestion socialiste la handicape, face à des leaders tels Komatsu et Caterpillar – un des 6 candidats à la reprise. La Chine s’est gardée de livrer Xugong à sa concurrence, afin de préserver l’identité de ce groupe chinois. Avec ses 60 gestionnaires en Asie et ses 4 fonds d’invest dotés d’1,9MM$, Carlyle doit à présent tenter de lui insuffler expérience internationale, innovation technologique, et de nouveaux investissements.
— Dans la course au rachat des banques, on n’attendait pas forcément les groupes industriels.
Or, General Electric vient d’acquérir (24/10) 7% des parts de la Shenzhen Development Bank (SDB) moyennant 100M$ (sous réserve du feu vert de la tutelle et de l’AG des actionnaires).
General Electric devient alors le second plus gros actionnaire de cette maison financière qui même avant ce deal,était déjà la moins chinoise de toutes- déjà sous contrôle du groupe US Newbridge avec 17% des parts. Ainsi, un lobby aura sur la SDB un levier de 24%. Pour GE, l’espoir est de racheter plus vite des firmes de sa partie, normalement inaccessibles aux extérieurs.
La même démarche se lit chez quatre autres groupes US et nippons : les 26-27/10, Sierra Ventures, DoCoMo, McGraw-Hill et IBM investissent chez Gobi, Cie financière chinoise, dans un fonds de 50M$, destiné à lancer des jeunes firmes high tech. De la technologie étrangère à la technologie chinoise, via la finance, ces frimes contournent les grandes murailles réglementaires.
Sommaire N° 34