— 狗急跳墙 Gou ji tiao qiang, «l’urgence pousse le chien à sauter le mur!»
C’est bien ce que fit Lu Wanfu, paysan du Henan, exilé depuis 1999 à Zhuji (Zhejiang). Là-bas, il travaillait pour l’entrepreneur Bian comme chef de chantier, et lui fournissait des maçons de son pays.
Mais voilà qu’un an plus tard, alléguant un litige commercial, Bian congédia Lu sans solde, avec une reconnaissance de dette de 1900
². Patiemment, Lu attendit 2 ans avant d’aller chercher son argent au tribunal.Au début, celui-ci sembla prendre les choses en main: le juge enjoignit le patron de payer. Puis un calme impérial retomba sur la plaine : en 3 ans, les greffiers rédigèrent 5 ordonnances, toutes oiseuses: insolvable, Bian se prélassait dans sa villa de 5 étages -il y avait collusion au moins passive. Lu était roulé, et le comprit! Les choses auraient pu s’éterniser, si la cour n’avait commis un jour une erreur, une seule, mais qui suffit à Lu.
Le 15/7 ,elle fit une «porte ouverte»! Se présentant au Président avec sa femme et sa fille de 8 mois, Lu exposa sa plainte. Comme une fois de plus, l’homme de droit se retranchait derrière ses arguties, le maçon posa le bébé sur la table et s’en alla, plantant là le magistrat. Or, paralysée par les cris du poupon qu’il fallut allaiter, torcher, langer, la Cour cessa de fonctionner.
La presse avait tout vu. La face était perdue : 40 jours plus tard, toute honte bue, le juge convoqua Lu pour lui rendre son dû. Magnanime, ce dernier reprit son héritier. L’histoire ne dit pas quels moyens avouables ou non, le juge magna pour pressurer l’entrepreneur désinvolte!
Sommaire N° 32