— Champion mondial du stylo, briquet et rasoir jetables, Bic se jette à l’eau chinoise.
A Shanghai-Pudong, sous quelques mois, une usine d’un coût de 3M² (100 emplois) reprendra aux sous-traitants ses productions assurées en Chine, petites séries de nouveautés pour les marchés euro-US, dont la fabrication est rapatriée en cas de décollage des ventes.
Tournant stratégique: Bruno Bich le PDG le confie, il s’agit d’«apprendre à travailler en Chine», et résoudre le défi local de la constance de qualité. Tout ceci, pour prendre à terme sa part du marché chinois—aujourd’hui confiné, pour toute l’Asie, à 2% du chiffre global de Bic!
Le secret : par le marketing et la technologie, battre sur leur terrain les 1000 fabricants qui fonctionnent à des prix dont la modestie n’égale que celle de la qualité. Tout ceci, pour que le «bi-ke», pour les Chinois à leur tour, prenne le goût de petite Madeleine, du stylo mordillé de leur enfance.
— Volkswagen ne baisse pas les bras, et tente de s’arracher au maelstrom qui lui fit perdre sa moitié du marché chinois fin des années ’90, pour un maigre 18% aujourd’hui.
Traitement-choc : d’ici 2009, le groupe de Wolfsburg, depuis ses deux JV, veut sortir 10 à 12 nouveaux modèles, y compris (en 2008 avec SAIC) une motorisation hybride à basse conso, et (en 2007) une Skoda, d’un dépouillement pouvant séduire le Chinois à bas budget.
Tout ceci, en se finançant sur les seuls gains en productivité, prévus à 40% sur trois ans. L’ensemble du plan a pour nom «Olympique» : dans l’espoir de capitaliser sur l’engouement des jeux de Pékin, tout en pratiquant l’esprit d’équipe, par ces temps difficiles !
— L’américain George Soros refond Hainan Airlines, sa success story aérienne (500 lignes chinoises et asiatiques, 107 avions, n° 4 chinois) qui deviendra Grand Air China dès fin 2005 après absorption des 3 transporteurs sous contrôle – Xinhua, Changan et Shanxi Airlines.
Soros qui, 10 ans avant, prenait 14,8% des parts pour 25M$, double son investissement, et achète encore 4% du futur groupe : juste assez pour encourager les financiers à investir. D’ ici déc., selon le plan, GAC devra peser 500M². En 2006, il passera en bourse de Hong Kong, pour y puiser 860M² (Hainan Airlines. est déjà présent à celle de Shanghai). Au chapitre dépenses, figure le rachat du reliquat des parts des firmes fusionnées, le lancement de Shilin Air, filiale au Yunnan (79M²), l’acquisition (860M²) de huit B-Dreamliner, et celui d’un nombre indéterminé d’A380 (250M² /pièce)!
Tout ceci pour gagner la course chinoise aux lignes nouvelles (ouverture future d’un vol vers les US), et le marché des Olympiades de Pékin 2008 puis de l’Exposition Universelle de Shanghai 2010, avec leurs 70M passagers/an!
— On vient de s’arracher en bourse de Hong Kong 12% des parts de la CCB (la banque de la construction), 1ère des quatre soeurs bancaires à sauter le pas, après années d’assainissement. Vu l’engouement, le prix maximal a pu être appliqué, pour une recette de 8MM$: record mondial depuis 4 ans, qui justifie a posteriori l’entrée dans CCB par BoA (Bank of America) et Temasek (Singapour), et qui fait taire pour un temps les doutes sur le niveau réel de son endettement.
Parallèlement, la finance européenne investit des banques de 2d rang, moins célèbres, mais moins risquées. Naviguant de concert, Deutsche Bank place 272M² pour 9,9% dans Huaxia Bank, et Sal Oppenheim (banque allemande privée) prend 4,1%.
Objectif : renforcer la gestion, et ouvrir les réseaux chinois de vente aux produits financiers d’Outre-Rhin. Un montage très similaire est suivi chez BNP-Paribas, qui prend pour partenaire la Banque municipale de Nankin (22ème chinoise), achetant 19,7% de ses parts moyennant 70M². Un plan de coopération est en place, pour renforcer la gestion nankinoise dans les secteurs du détail, des obligations, du crédit à la consommation, de la banque privée, des crédits à risques, des technologies de l’information et de l’organisation.
NB: l’enjeu pour toutes ces banques, est les 10aines de MM$ de profits espérés, dans l’ouverture du marché financier chinois exigée par les US et l’Union Européenne (cf p.1) —le démantèlement des barrières !
Sommaire N° 32