Tenu à Pékin du 8 au 11 oct. 2005, le 5ème Plenum du XVI Comité Central du Parti communiste chinois (PCC) fut précédé d’ un rare déploiement de censure, voire de force. Ce rigorisme renforcé répond à une nécessité.
Plus que jamais, pour Hu Jintao (Président, 1er Secrétaire, chef de l’APL, l’armée chinoise), il faut resserrer les boulons, pour
[1] empêcher les foyers de colère de faire leur jonction, et
[2] négocier avec les vieux conservateurs, l’abandon des rênes qu’ils détiennent encore.
Ainsi, le régime voit l’arrivée de cadres jeunes, formés à l’occidentale, mais aussi plus dogmatiques, fiers de leur bilan. C’est ainsi que, par rapport au style déployé sous Jiang Zemin, celui de Hu Jintao s’avère à la fois plus proche de l’Ouest (pour le «management » de l’Etat) et plus éloigné (sous l’angle de la souplesse dans les idées) !
A l’hôtel Jingxi, site du Plenum, les 354 édiles sont arrivés avertis: «les 5 prochaines années sont une période cruciale», le pays doit être en «alerte maximale face aux dangers». Pour faire face, un seul slogan prime: la小康 xiaokang («société harmonieuse»), dont la priorité est le développement durable et l’équité. Ce plenum fixera les lignes du 11. Plan (2006-2010). Lignes pas toutes neuves à vrai dire, mais réitérées cette fois avec l’urgence du dos au mur : le ravalement du système de santé, de l’éducation, des infrastructures sociales. Le seul vrai tournant sera la priorité à la protection de l’environnement, sous les principes du PIB vert (décomptant, dans le calcul de la valeur ajoutée, son coût social et sa pollution), de protection de la ressource, et d’ une halte à la croissance débridée.
Ce Plenum d’autre part, consacre le zénith de Hu Jintao. Ex-bras droit de Jiang Zemin, le vice Président Zeng Qinghong serait à présent passé dans son camp et oeuvrerait silencieusement au ralliement général. Lors du Plenum, Hu pourrait arracher le départ de Chen Liangyu, pro-Jiang, maître contesté du Parti à Shanghai. Il devrait surtout, conformément au mécanisme inventé par Deng Xiaoping, préparer sa succession en désignant le noyau du «leadership de 5e génération», pour 2012 : Li Keqiang, 50 ans, patron du Liaoning, qui pourrait aussi être élevé au rang de suppléant au Politbureau, voire directeur du Bureau général du Parti.
Notons enfin ce RV du 13/10, la fusée Longue marche satellisera deux «taïkonautes»: symbole voulu de la levée de l’ère de Hu. Elle conserve plus que jamais son énigme : face aux risques et aux rochers bien visibles sur son cours, pourra-t-elle évoluer vers plus de libertés ?
Sommaire N° 31