Le 19/09, au terme d’un marathon diplomatique, la Chine conquit ses 1ers galons de courtier de la paix en obtenant la signature des six pays partenaires, pour ce qui pourrait être la fin formelle à 60 ans de guerre froide sur la péninsule coréenne.
L’accord, à vrai dire, avait failli se faire dès octobre 2000 par Madeleine Albright, l’envoyée de B. Clinton, reçue par le «cher leader» Kim Jong-Il en personne. 2 mois après, l’élection de G.W. Bush, et sa petite phrase d’une « Corée du Nord-Etat voyou, de l’axe du mal», avait ruiné ces espoirs. Jusqu’au 14/9/2005 où Hu Jintao vit Bush à New York : 2 jours après, la Chine offrait un compromis débloquant la crise, et reconnaissait à Pyongyang «au moment opportun» le droit à une filière nucléaire civile dont les US au départ, ne voulaient rien savoir. Suivit un Sommet mené avec doigté par les diplomates chinois, et le succès inattendu que l’on sait. Moyennant livraisons de pétrole et d’électricité, Pyongyang abandonnait son programme nucléaire militaire, et renouait avec le traité de non proliféération (TNP) dénoncé en janvier 2003. Tokyo et Washington rétablissaient des relations diplomatiques et les US déclaraient ne pas avoir d’intentions belliqueuses … Pour le «pays du matin calme», c’était la remise sur les rails d’un traité de paix, la perspective d’un afflux de capitaux et technologies, et à l’horizon, la fin de la faim. Cependant Wu Dawei, vice ministre des affaires étrangères, avait été prophétique en prédisant «difficultés et retours en arrière» : dès le lendemain, (20/9), Pyongyang faisait volte-face, prétendant exiger, avant son abandon, un 1er pas d’en face, le don d’une centrale nucléaire civile : nouvel ultimatum inacceptable !
Alors, un coup pour rien? Non, car cette fois, US et Chine sont du même bord, rappelant à Pyongyang son «engagement contraignant». Tout bien considéré, cette rechute (attendue) traduit la peur de celle qui a tout à perdre – l’armée, pilier du régime. Et là, la Chine peut la rassurer, par un patient processus didactique : sa propre armée (APL), en 20 ans de processus d’ouverture économique, n’a rien perdu, ni de son influence écrasante, ni de ses privilèges!
Sommaire N° 30