L’or noir occupe toujours l’avant-scène, par les perturbations qu’il génère.
Avec son prix fort, inférieur au cours mondial, et 50% des besoins importés, chaque litre d’essence vendu, augmente les pertes des pétroliers! D’où ces queues parfois d’1km à la pompe, constatées à Canton. Prix trop bas pour le marché, mais trop haut pour l’usager : de janvier à août 2005, Canton paya son pétrole 1,1MM² de plus qu’en 2004, et 28% des 34.000 compagnies grandes ou moyennes sont dans le rouge (+37% de pertes).
C’est alors que Cnooc frappe du poing sur la table. Ayant raté le rachat d’Unocal (à 18MM$) suite aux pressions politiques US, le groupe offshore semble proche de voir couler, pour les mêmes raisons, ses négociations engagées en 2003, pour acheter 12,5% du gisement gazier australien de Gorgon. Aussi par la voix de son négociateur Yang Hua, CNOCC avertit le monde riche de «reconnaître à la Chine et à l’Inde, le droit à la sécurité énergétique»: de ne pas étrangler ces géants émergents, en leur interdisant l’accès à un parc pétrolier hors frontières. Très rare chez une Cie chinoise, un tel avertissement exprime la vieille hantise chinoise de l’encerclement, et est assorti d’une menace explicite, si le mur d’or noir se maintenait : que CNOOC se tourne vers une «autre stratégie d’acquisition», sans doute moins fair play !
Enfin le 21/9, Tokyo dénonce le discret début d’extraction d’hydrocarbures par CNOOC, en pleine mer, sur la poche de Tianwaitian, aux réserves probables de 100.000 barils de pétrole et de 880Mm3 de gaz. L’enjeu dépasse de beaucoup celui de ce champ modeste : il concerne la délimitation des zones économiques spéciales maritimes (ZEE) respectives – selon une ligne médiane prétend Pékin, -selon le relief sous-marin, dit Tokyo. Promis pour 2009, le verdict de l’ONU arriverait bien trop tard, face à la soif universelle de pétrole. Stoppées en mai, les palabres sino-nippones doivent reprendre en octobre, à Tokyo, pour aboutir, tant qu’il en est temps !
Sommaire N° 30