Editorial : L’AUDIOVISUEL , ENTRE MARCHÉ ET PARTI

Bien des faits agitent ce mois-ci l’audiovisuel chinois, face auquel l’étranger se retrouve frustré soit de ses valeurs, soit de ses espoirs.

Revenons à l’affaire de Yahoo!, et son obédience qui valut au journaliste Shi Tao 10 ans de prison pour infos passées à l’ étranger. Récemment, il put acheter (1MM$) 40% d’Alibaba, 1er site chinois d’e-business. A présent, Yahoo! encaisse de fortes critiques telle celle de Time Warner dont le PDG Dick Parsons affirme «ne pas vouloir pénétrer ce marché» dans de telles conditions !

Devant Yahoo (21% du marché), il y a Google (26%), qui s’apprête à placer en Chine une partie des 4,2MM$ qu’il vient de ponctionner en bourse. Le n°1, c’est Baidu, groupe local (37%), qui peine : son cours en bourse de Wall Street s’effrite, et il est condamné (16/9), à 6800², à verser à EMI, pour offre en ligne de 53 airs musicaux propriété du géant US. Le montant est symbolique, et le verdict contesté en appel, mais le sens est clair : sous l’angle commercial, la Chine veut jouer selon les règles internationales !

Mais sous l’angle politique, c’est la glaciation plus que jamais!

Avec colère, Rupert Murdoch jette l’éponge. En 1993, le magnat de Newscorp avait d’abord critiqué la Chine «totalitaire». Puis, mis sur la touche, il avait passé 13 ans à acheter son retour en grâce, en bannissant de ses médias 2 voix mal aimées à Pékin : la BBC (chassée de Star-Sat), et Chris Patten (refusé aux éditions Harper).Nonobstant, Murdoch est chassé de son siège de directeur chez Netcom, Cie de télécom dont le Président Jiang Mianheng (fils de Jiang Zemin) était son allié. On lui ferme aussi la JV qu’il venait de monter, sans licence, entre Star TV et Qinghai Sat. Murdoch y perd 100M de spectateurs, 40M$ d’invest, et sans doute sa dernière chance d’accès à la manne publicitaire chinoise! Tout cela donne l’impression d’un effort exacerbé pour maintenir la grande muraille médiatique hors d’atteinte de l’étranger —tant pour cause idéologique que commerciale!

Ce protectionnisme se paie. L’agence Freedom House calcule que dans le monde, les pays qui avaient en 1990 la liberté de presse, ont vu 12 ans plus tard leurs services passer à 62,4% du PIB, contre 48,5% aux pays sous la censure. La Chine elle, n’en a que 33% –un des taux les plus bas du monde. Or l’emploi industriel décline en Chine, de 98M en 1995 à 83M en 2002. La libéralisation est donc inévitable. La question étant : «quand», et «harmonieusement, ou dans le désordre»? 

 

 

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
10 de Votes
Ecrire un commentaire