La joute fait rage, CNOOC (3ème pétrolier chinois) contre Chevron (5ème mondial) pour la main de la belle Unocal (n°9 US).
Dès que le Chinois jeune et sans complexe eut fait connaître ses intentions (21/06), s’invitant à la table de négociation familiale yankee, le rejet monta, bruit diffus d’abord, puis tumultueux. Cnooc offrait 18,5MM$, 500M de mieux que Chevron, mais en cash. Tout de suite, le Congrès unanime monta au créneau. Par le biais d’une résolution, il pria le Président Bush -le conseil d’administration d’Unocal dût-il retenir l’offre chinoise!- d’interdire la cession de cet actif stratégique, joyau d’or noir de l’Amérique.
Le Congrès récidiva par un argument technique, à usage de G.W. Bush : 13MM sur les 16MM$ des fonds bloqués pour la transaction proviendraient de l’Etat socialiste, et seraient cédés à Cnooc (filiale à 70% dudit Etat) à taux nul ou inférieur au marché: en infraction aux règles de l’OMC! Ces opinions du Congrès vont avec une campagne de presse hostile à la reprise chinoise, et en soutien de Chevron, en position délicate. Avec sa production déclinante depuis 2000, le groupe US a besoin d’Unocal pour regonfler ses réserves de 15%, et sa production de 0,5M barils/jour (à 3MM), haussant son chiffre d’affaires de 6% durant 5 ans.
Unocal -c’est de bonne guerre!- fait monter les enchères, décidant de reporter sa décision au 10 août.
Mis à part de vertueux couplets contre le repli protectionniste, le gouvernement Bush se tait, tandis que le Congrès réunit une nouvelle commission (13/6), afin d’observer avec vigilance extrême les implications de sécurité du deal pour les US.
Finalement, tout dépendra des actionnaires d’Unocal, et de G.W. Bush. Cnooc met toutes les chances de son côté en ouvrant aux USA un compte bloqué de 2,5MM$, pour dédommager les actionnaires en cas d’abandon de sa part. Cnooc apporte aussi d’autres garanties de bonne fin de la transaction visée, qu’il insiste contre toute vraisemblance à qualifier de «strictement commerciale » !
Sommaire N° 24