Comme pour les Européens, et au même moment (pas par hasard!), pas moins de 4 Secrétaires d’Etat ou US Representatives viennent de passer à Pékin.
Pour sa 2de visite en trois mois, Condoleeza Rice (9-10/7) vint faire le point de relations figées depuis des lustres dans un statu quo immuable.
Parlant de Taiwan, Hu Jintao réclama la vigilance contre toute sécession. Sur le réarmement de l’APL (l’armée populaire de libération), Rice fit un numéro d’équilibriste, évoquant les «soucis des US», mais ajoutant que ce renforcement «ne constituait pas une menace».
L’objectif de sa mission était ailleurs: dans le maintien d’un rythme intensif des échanges (face au réchauffement sino-UE), et dans la réouverture de négociations avec la Corée du Nord, que la Chine a imposée -Rendez-vous fixé au 25/7. Tang Jiaxuan, Conseiller d’Etat partait le 12/7 pour Pyongyang en mission de bons offices. Mais rien n’indique que la Chine ait intérêt à une solution à cet antique conflit!
Les trois autres négociateurs yankee (deux commerciaux, un agricole) étaient là pour la commission mixte du commerce-US (11/07).
Les entretiens sur le conflit textile n’ont pas abouti -Pékin risque toujours une restriction de la hausse d’export, de 7,5% /an sur sept produits.
Par contre, d’autres accords ont été adoptés, et le climat général fut positif. La Chine a accepté d’abandonner une directive qui aurait réservé son marché public du logiciel aux firmes locales, et promis qu’avant décembre, tous ses bureaux utiliseraient des produits légaux.
Elle a aussi promis d’assurer la distribution libre des produits US en Chine, de publier une liste de tous ses subsides publics, et d’accélérer la certification d’une espèce de maïs OGM américain. Autant de gestes petits en soi, mais qui témoignent d’une volonté réciproque de compromis, de bonne augure à cinq mois du round OMC et du rendez-vous de Hong Kong !
Voilà un sondage qui vient à point pour mesurer l’effet de la croissance de la Chine sur son image mondiale, et montrer le chemin parcouru par le pays, dans l’esprit de l’étranger.
Aux USA, le Pew Research Center a lancé cette enquête auprès de 17.000 habitants de 16 pays. Son objectif est de comparer les deux pays dans les opinions nationales.
Résultat : pour 11 d’entre eux, la Chine émane une image positive, contre seulement 6 aux Etats-Unis, qui paient explicitement la guerre contre l’Irak.
A commencer, bien sûr, dans les pays musulmans comme Jordanie ou Pakistan, où une majorité apprécierait que la Chine contrebalance la puissance militaire des USA. Les Européens ne vont pas jusque là : la vieille alliance atlantique tient encore, et leur admiration pour la Chine est ombrée d’un souci sur son renforcement rapide industriel et de défense. La France et l’Espagne surtout, considèrent que l’émergence économique chinoise a fait du tort dans leur pays. A l’exception de la Turquie (qui garde sa fidélité islamique), aucun européen ne souhaite voir contestée la suprématie de l’US army.
Même le philo-américain Royaume-Uni aime plus la Chine (65%) que l’Amérique (55%). Chez le Français, ces scores atteignent respectivement 58% et 43%. Au passage, cette sinomania peut déraisonner, puisqu’au terme d’un autre sondage, il se trouve aux Pays-Bas un tiers de l’opinion pour croire que la Chine, d’ici 10 ans, pourrait concentrer plus de puissance que l’Europe et les Etats-Unis !
Seuls deux pays ont conservé une meilleure opinion à l’Amérique qu’à la Chine : la Pologne (à peine sortie du joug communiste) et surtout l’Inde (71% d’admirateurs du Nouveau Monde!).
Signalons enfin qu’avec une belle indifférence face à la tempête, l’Américain considère moins la nouvelle économie chinoise comme un rival (40%) que comme un partenaire (49%) : confirmant ainsi sa vision adulte et positive, des échanges mondiaux comme un match, et non comme un conflit !
Sommaire N° 24