Pol : Shengyou – justice exceptionnelle

— Le jour de la lutte mondiale contre la drogue (26/06) a vu son lot de drogue brûlée en public (30t), de dealers exécutés (5 au Guizhou, 12 à Kunming…), et de chiffres inquiétants.

Officiellement 791.000 en 2004, le nombre de toxicomanes n’a augmenté que de 6,8%. Mais l’année connut en Chine une récolte-record de pavot (cultivé en 26 provinces).

En baisse de 28,5%, la consommation d’héroïne, fruit d’années de travail policier, génère quand même 3MM$ de chiffre d’affaires. L’Ice (méta-amphétamine) prend le relais, moins dur à produire, très en vogue dans les raves .Le chiffre réel des toxicomanes pourrait être 20M, dont 70% de moins de 35 ans. Ces jeunes n’ont jamais connu d’éducation préventive, et au Guangxi, plus de 50% des délits de rue leur reviennent. Le combat n’est donc pas gagné, même si la Chine renforce les moyens.

D’ici 2008, 12M$ serviront à doubler les places (aujourd’hui 140.000) en centres de désintoxication. Honnie 5 ans plus tôt, la méthadone sert de base à un ambitieux programme comme substitut de l’héroïne : les cliniques l’administrant, passeront de 12 en janvier 2005, à 1500 fin 2008, permettant le sevrage de 300.000 clients. Mais deux problèmes demeurent : la faiblesse des fonds engagés (l’absence de volonté publique!), et la priorité maintenue à la répression, coupant toute chance de coopération avec les malades.

— Ils sont 3M cet été, les néo diplômés universitaires à chercher du boulot. 20% de plus qu’en 2004, et d’ici 2010, +0,6M par an. La soif d’emplois est inextinguible.

L’an passé, 27% de ces jeunes cerveaux sont restés chômeurs, et forment 14% de la masse globale des sans emplois, contre 8% en 2000. De même, le marché du travail s’enraie. Il y a 20 ans, 1% de PIB générait 2M de jobs: aujourd’hui, avec la montée en intensité du travail et la sortie progressive des méthodes socialistes (cf article « Ping An »), il n’en requière plus que 0,8M.

La cause du problème est due à l’urgence des 5 dernières années à intégrer un max. de jeunes à l’université: doublant les postes d’étude, celle-ci a fait dans le volume, sans chercher à cibler les besoins du marché. La solution existe bien, mais elle impose aux jeunes de limer leurs ambitions : se vendre moins cher, troquer les villes de la côte pour des régions de l’intérieur moins glorieuses et amusantes, où tout reste à faire!

— L’attaque par des 100aines de nervis armés de couteaux, pistolets et manches de pioches contre les fermiers de Shengyou (Hebei, 11 /06) avait fait couler du sang (7morts), peu d’encre (censure oblige!), mais beaucoup de salive. Derrière ce banditisme, se cachait le groupe électricien, Guohua qui avait acquis  un terrain moyennant des procédés douteux, et les cadres locaux soudoyés.

Mais vues les conséquences sur l’opinion et la multiplication soudaine des conflits sociaux, Hu Jintao en personne a décidé de sévir : les 248 bandits sont sous les verrous, les secrétaires du parti de Dingzhou et Kaiyuan (villes voisines) sont démis voire aux arrêts, comme Zhang et Zhen, contremaîtres sur le chantier que les paysans bloquaient. Les familles des victimes ont touché des primes, promesse a été faite de remboursement les frais médicaux. Les juristes découvrent des fautes légales au dossier d’expropriation. Bref, tout est fait pour rendre cette affaire un miroir de justice nouvelle, équitable au petit peuple (conforme à la morale de Hu et de Wen Jiabao). Mais toujours sous le choc, les paysans, n’y croient pas, et craignent pour leur avenir, une fois la page tournée. On les comprend!

Interview Joseph Deiss, ministre helvétique de l’économie  le 15/7/05   

Q : L’Union Européenne et les US envoient cette semaine à Pékin 3 à 4 de leurs  plus hauts cadres : pourquoi?

R : La preuve de l’appel de cette économie vertigineuse, où tous pays ont des intérêts à défendre. Or, tel dialogue ne porte pas fruit à court terme!

Ne craignez-vous pas de voir à l’avenir, la Suisse incapable de se faire entendre de la Chine, face aux géants tels l’US et l’Union Européenne?

En surface, nous sommes petits, mais je répète, surtout aux Suisses, que nous sommes une puissance économique moyenne, 8e investisseur mondial, dans les 20  1ers pays marchands. En Chine, nous alignons 700 firmes, 5MM$ d’échanges. Nous hébergeons sur notre sol 700 multinationales, avec 70.000 emplois, et nous attendons de pied ferme la Chine, comme investisseur !

Par rapport au Doha Round, quels sont les intérêts et attentes respectifs ?

En théorie, tout le monde à intérêt à ouvrir. La division internationale du travail est de l’intérêt de tous.

Mais la lutte se situe au niveau du partage des gains, qui se compteront en 100aines de MM$, voire bien plus. Le Tiers Monde pense que puisque le Tokyo Round et l’Uruguay Round furent en faveur des pays riches, il faut faire un Doha Round des produits agricoles, en faveur des pauvres prioritairement. Mais nous devons tous pouvoir vendre l’accord à nos opinions publiques. Les fermiers suisses n’apprécieront pas le démantèlement des frontières, sauf si je trouve une solution pour nos exportateurs industriels ou de services, en leur trouvant des marchés… de quoi financer notre politique agricole !

A votre avis, ce Doha Round va-t-il réussir, à Hong Kong, en décembre ?

Les solutions sur la table ne sont pas encore de nature à ce que chaque gouvernement puisse rentrer chez lui et se faire applaudir. Mais je crois que ça arrivera : au mini sommet de Dalian, on est rentré dans le concret, on peut commencer à discuter, on est sur le chemin !

 

 

 

 

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