Si 20 ans plus tôt, Pékin surveillait son autosuffisance céréalière (dogme alors non négociable),c’est aujourd’hui sur sa dépendance pétrolière envers le Proche-Orient qu’il s’inquiète – 60% de ses import en 2005.
Vu son arrivée tardive sur le marché des hydrocarbures, la Chine n’a d’autre choix qu’une stratégie opportuniste d’alliances exclusives avec les pays du Tiers Monde, mis au ban par l’Occident en raison de leurs viols des Droits de l’Homme : Pékin les désenclave, les développe, en échange de l’accès à leurs gisements.
En Afrique,du Soudan et de l’Angola, elle tire déjà 25% de ses imports. Mais le terrain de chasse d’avenir est le Cône sud, avec le Venezuela d’Hugo Chavez, en pleine bisbille avec les USA! En janvier, le vice-Président Zeng Qinghong lui offrit 700M$ de crédits de développement, en échange de 3Mt/an de brut et de gisements en fin de cycle. Fin juin, Caracas lui expédiait son 1er chargement : 73.500t, mais ce n’est qu’un début!
Visitant l’Amérique Latine (déc.2004), Hu Jintao lui promettait 100MM$ d’investissements avant fin 2010, dont une bonne part en prospection et en infrastructures pour évacuer l’ or noir vers la Chine. Pékin sait bien que la zone détient 13,5% des réserves mondiales, mais ne fait que 6% de la production, assurant ainsi un riche potentiel. Outre au Venezuela, la Chine prépare des projets de taille au Brésil (oléoduc de 2000 km/Sinopec, 1,3MM$), en Bolivie(développement d’un gisement par Shengli, 1,5MM$),en Equateur (CNPC, prospection), au Pérou (filiale CNPC,extraction), en Argentine (5MM$ de prospection)…
Ainsi, sans complexe et sans barguigner, la Chine s’insinue sur la base arrière des USA, profitant d’un retard de leurs investissements dans la région au cours des 20 dernières années. Grâce à cette audace et d’autres, elle peut commencer à remplir sa réserve stratégique, 1,6Mt fin à 2005 et 5,2Mt à terme. Mais elle n’est pas seule dans cette course au trésor : Japon, Inde et Corée sont aussi sur les rangs !
NB : la découverte du Cône Sud ne se limite pas au pétrole, mais touche aussi à toutes matières 1ères. Même culturellement, l’osmose se fait : tango et rumba, cachaça et rhum, assados brésiliens, poncho et boléro font désormais fureur dans l’Empire du Milieu!
Sommaire N° 24