A la loupe : Les jolies colonies de vacances chinoises

Aux temps de Mao, les colonies des pionniers ou jeunes communistes concentraient aux bords des lacs les espoirs de la nation pour des étés de sports collectifs, de plantage d’arbres et d’études idéologiques.

A présent, les camps d’été les ont relayé et font fureur. Ils se paient cher, pour un programme d’enfer: les vacances doivent être relaxées, jamais fériées. Donc consacrées à des études douces.

A Shanghai, l’université SISU offre 15 jours d’anglais au vert, sous la férule de profs anglais qui alternent conférences, films en VO et jeux interactifs. Pour 500 à 1000², un camp musical pour fils de riches propose 10 jours d’éveil aux muses, de concerts, conférences et classes d’instruments (avec profs artiste)… 

A Pékin, un stage pour 1123 jeunes Taiwanais (dont 995 de l’île) est intensément gâté, reçu aux 3 meilleures universités de la capitale, et se voyant offrir un concours de 100 places pour les JO de 2008. C’est une discrète pépinière de futurs fidèles !

Enfin, on note profusion de stages pour jeunes de la diaspora US, avec visas spéciaux très allégés : mine d’or pour leurs organisateurs, c’est un moyen de ré-apprendre leur langue, et aussi de restaurer le lien distendu à la patrie. But visé : susciter des vocations d’investissements étrangers (dont 10% des Chinois d’Outre-mer). Et surtout, inciter au retour de nombreux cerveaux fuis 5 ou 20 ans plus tôt, indispensables au maintien de la croissance de demain.

On aura noté : tous ces camps si différents comportent un point commun -leur «marque de fabrique chinoise», l’intensité et l’objectif pour l’Etat.

Contrairement à l’idéal de vacances occidentales, qui parle de détente et de retrouvaille de soi !

 

Sur leur « 31 », ce 22/06, ils attendaient dès 19h aux portes de ce café de Sanlitun, ces jeunes de la promotion 2005 du CESEM, institut rémois de formation au management international.

Après 5 ans d’études dont 3 à Pékin, ils avaient tout préparé pour le grand rendez-vous avec les employeurs potentiels : la tablette des badges des invités, les canapés, le rétroprojecteur pour un power point sur leur association. Tout le nécessaire pour se présenter avec brio dans un anglais et un mandarin plus qu’honorables -et que le meilleur gagne ! Cependant à l’issue du cocktail, le pincement de coeur était sensible : ils étaient rares, les sponsors venus les soutenir -issus de la Société Générale, d’Alstom, de l’UFE (l’Union des Français de l’étranger), et de la CCIFC, (la Chambre de commerce et d’industrie français en Chine).

En aparté, les jeunes admettaient la vérité: à l’ issue des 5 ans d’études chères payées (certains, par les familles, d’autres par un emprunt bancaire qui les endetterait pour de longues années), aucun n’avait d’emploi sûr, tout au plus des stages en entreprises, ou des jobs très temporaires.

Cette scène nous permet de constater une mutation en cours de la population occidentale expatriée. Toujours plus de firmes françaises tentent le saut vers la Chine (1100 à ce jour), mais les moyens ne suivent plus. Une frange de cette francophonie au bout du monde se précarise, dit Mme Marquez, Consul adjoint à Pékin, confrontée à toujours plus de cas de jeunes en difficulté, qui pourraient  justifier d’une aide matérielle. Mais selon elle, les bases financières et juridiques n’existent pas encore. D’où ces questions que le VdlC répercute : 

[1] Comment souder moyens privés et publics pour fonder cette assistance désormais nécessaire?

[2] Comment multiplier les occasions de stages et de 1ers emplois pour ces jeunes diplômés – leur renvoyer l’ascenseur que d’autres nous ouvrirent au début de nos carrières?

D’une certaine manière, c’est la santé et le bien-être de toute notre communauté future, des étrangers en Chine, qui en dépend !

 

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