Editorial : CHINE OU JAPON? MOSCOU FAIT SON CHOIX!

Au chapitre de l’or noir, face au corps à corps de ses deux candidats clients chinois et nippon, Vadimir Poutine vient probablement de faire son choix -par un faux jugement de Salomon donnant la préférence à Pékin!

A Hu Jintao (en visite à Moscou, les 29-6/2-7), il a promis la construction en sept ans du pipeline Taishet-Daqing via Skovorodino. La CNPC (la compagnie nationale pétrolière) a obtenu le passage des livraisons par Rosneft, de 4 à 9Mt cette année, tandis que Sinopec reçoit un contrat d’exploration sur le prometteur site de Venin, dans la zone de SakhalineIII.

Face à telles largesses, le Japonais Koizumi (au G8 de Gleneagles, 8/7), n’obtient que le prolongement de l’oléoduc jusqu’à Nakhodka, dont Poutine lui avait offert jusqu’alors l’exclusivité. A présent, peu rassurant, il précise qu’il lui fournira « dans les limites des disponibilités ».  

Envers Pékin, Rosneft pousse même l’amabilité jusqu’à promettre d’utiliser tout autant, dans ses livraisons vers la Chine, son propre pipeline de Taishet, que l’ouvrage kazakh de Atasu-Alashan de 962km, en cours de finition pour un investissement chinois de 2MM$.  

Le président Kazakh N. Nazerbaiev vient d’ailleurs de signer avec Hu un préaccord pour prolonger cet ouvrage vers l’Ouest jusqu’à la Caspienne. Ainsi, grâce à Moscou, Pékin parachève son réseau de pompage dans tous les grands champs d’hydrocarbures d’Asie Centrale.

La Russie semble donc faire son choix. Sortant de sa peur séculaire d’un squat chinois de sa Sibérie (d’une « revanche des berceaux » célestes), elle vote pour Pékin. A cela, plusieurs raisons plausibles.

Maintenir la chaise vide face à la Chine, violait les principes d’alliance stratégique proclamés depuis dix ans, et bloquait toute politique commune. En cas de mésentente sino-russe, comment bloquer l’intégrisme islamique rampant de part et d’autre, les velléités de fronde des quatre républiques caucasiennes, et de forcer le départ des troupes US en Ouzbékistan et au Kirghizstan?

Ce que Hu et Poutine ont commencé à faire, en demandant à l’allié américain une date…

Enfin, Poutine a dû faire face à l’exaspération de ses provinces maritimes : le 4/7, à Moscou, V. Ishaev, gouverneur de Khabarovsk dénonçait le risque de conflit transfrontalier « sous 10 à 15 ans », faute d’une stratégie claire de bon voisinage !

Message entendu par Poutine, non par esprit démocratique, mais par réalisme !

 

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