Editorial : UNION EUROPEENNE – CHINE: BIEN PLUS QU’UN ACCORD TEXTILE!

L’accord entre le Commissaire européen Peter Mandelson et le ministre Bo Xilai (11/6, Shanghai) est dare-dare exécuté : sous 24 heures, le Ministre chinois du commerce  rédigeait des «lignes directrices» pour imposer la limitation des exports textiles vers l’Europe.

L’accord a été trouvé, d’abord, car il était stratégique pour les deux parties !

Pékin devait désolidariser les US de l’Union Europénne et fragmenter le front des opposants à sa lame de fond d’exports textiles. Pour le retrait de l’Union Européenne, la Chine a dû payer «cash» : l’accord concerne 10 produits, et non plus 2 comme l’envisageait Bruxelles, 3 ans (jusqu’ en décembre 2007) et non l’année en cours, et une hausse des export bridée à 8% voire 12,5%/an, au lieu des (inoffensifs) 3% maximum de taxes à l’ export initialement offerts.

Bruxelles devait couper court aux fièvres protectionnistes des pays méditerranéens. Les conditions étaient mures, après le désastre référendaire en France : encore fallait-il obtenir des résultats, pour que suive l’aval du Conseil des 25. C’est le cas : suite à ses concessions à l’Europe et aux quotas américains, Pékin s’attend, en 2005, à un export textile écorné à 100MM$, face aux 95MM$ réalisés en 2004 !

Mais en échange, la Chine obtient beaucoup de l’Union Européenne.

A commencer par :

[1] l’ouverture prochaine de palabres pour l’octroi du statut d’économie de marché, qui fermera la porte aux sanctions unilatérales : avec un tel statut, en cas de dumping, l’Union devra laisser à l’OMC le soin de résoudre le conflit.

[2] Pékin dispose aussi d’un modèle de concessions négociées et auto-imposées, applicable  aux US (négociations textiles préliminaires le 16/6), et

[3] au nouveau conflit avec l’Union Européenne sur les chaussures (+681% d’export de janvier à avril, action européenne le 16/6 sur les chaussures de sécurité).

Surtout, Bruxelles et Pékin peuvent intensifier leurs visites, négocier de nouveaux courants d’échanges : libéraliser les services (finances, protection de l’environnement, aviation), renforcer les échanges agricoles, la coopération monétaire, celle contre le piratage

Tout ceci relance les chances de réussite du prochain round de l’OMC, détournant la Chine de la voie trop exclusivement marchande des accords de libre échange pour revaloriser la notion de communautés économiques régionales. Et tout ceci permet à Bruxelles de rattraper, face à la Chine, l’avance prise par les Etats-Unis, pour le véritable enjeu des vingt prochaines années, celui de l’intégration économique des continents!

 

 

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