— A trois mois du sommet mondial marquant son 60. anniversaire, la réforme de l’ONU (l’organisation des Nations Unies) tente de décoller.
Quatre pays (Japon, Allemagne, Brésil, Inde) sont candidats à l’élargissement du corps permanent du Conseil de Sécurité : en cas d’acceptation, ils se disent prêts (9/6) à renoncer pour 15 ans au droit de veto lié à la fonction!
La raison tient au peu d’enthousiasme des cinq membres permanents à affaiblir leur pouvoir – France mise à part. Dans ce concert de freins mous, Pékin n’est pas le dernier, poussé par son inimitié avec Tokyo, et fait feu de cinq bois pour obtenir indirectement l’ajournement de la réforme, en s’économisant un veto dont il porterait le blâme:
[1] il réclame une réforme non par les 15 membres du Conseil mais les 191 de l’Assemblée plénière : avec l’obligation de majorité des deux tiers, c’est le plus court chemin vers les calendes grecques.
[2] il est en faveur de l’Inde, à condition qu’elle se présente sans le Japon;
[3] il défend les outsiders (Italie, Pakistan, Mexique) et
[4] leur propre réforme sans sièges permanents supplémentaires,
[5] elle avertit le monde arabe de ne pas soutenir la réforme, «qui détournerait le monde de ses intérêts». Pékin s’apprête à démontrer sa capacité à barrer la voie à Tokyo, malgré le soutien des USA!
— A Shengyou (Hebei) le 11/6, 300 bandits attaquèrent des paysans à l’arme à feu et la barre de fer, pour saisir 26ha pour le compte de Guohua, compagnie d’électricité!
Mais cette fois, les paysans s’étaient préparés, filmant avec une camera vidéo, prenant un des nervis en otage, et finalement repoussant l’agresseur malgré 7 morts et 46 blessés. Puis un journaliste américain reçut et publia des images, illustrées de la confession du gangster, payé 100¥ et mis dans un bus avec 300 autres pour “aller donner une leçon” aux paysans.
Résultat : le 14/6, le secrétaire du Parti visita les familles frappées, leur offrant 50.000¥ de prime.
Plus près de Pékin (16/6), des 100aines de paysans dénonçaient la confiscation de leurs champs destinés à accueillir un complexe aquatique des Jeux Olympiques, et ailleurs en banlieue, Suojiacun, village d’artistes devait être évacué de force.
Ce genre d’incident est quotidien—la revue officielle Outlook en dénombre 58.000 en 2003. Mais la réaction de Shengyou, comme celle du cadre local, sont nouvelles, traduisant un tournant, induit par la mutation technologique!
— Jusqu’en mars 2005, l’Union Européenne était convenue de lever l’embargo de 1989 sur les ventes d’armes à la Chine.
Le 13/6 à Luxembourg, c’est la volte-face : l’interdiction demeure, et sine die. Une 1ère raison fut, au printemps, l’intense pression des US sur l’Europe scandinave et de l’Est -ingérence encore vivement dénoncée le 16/6 par la Chine comme «déraisonnable». Une autre fut la chute de tonus de Paris dans l’enceinte communautaire, suite au referendum du 29/5. Dans ces conditions, force est d’admettre rétrospectivement, que le vote d’une loi anti-sécession de Taiwan par l’Assemblée Nationale Populaire en mars, ne fut qu’un facteur marginal.
NB : alors que l’Union Européenne n’apparaît plus dans l’immédiat comme source d’armement chinois, Washington, qui s’apprête à publier un rapport dénonçant le « réarmement chinois », fronce les yeux face à Israël, et lui impose des sanctions non spécifiées, pour livraison de drones (avions sans pilotes) à l’Armée Populaire.
Sommaire N° 20