Il l’a fait! Le «patron des balayeurs» d’hier, l’ex-directeur de l’administration hongkongaise vient de réunir (15/6) les 100 voix au collège électoral, nécessaires pour devenir le nouveau maître du Rocher -jusqu’ en 2007.
A 60 ans, Donald Tsang succède à Tung Chee-Hwa. Pour les 6,6M de citoyens, mais aussi pour Pékin, c’est une affaire, voire le seul choix possible !
Avant lui, en imposant Tung, Pékin n’avait pas eu la main heureuse. Le milliardaire maladroit s’était fait haïr par son allégeance au régime (lors de sa tentative ratée pour brider les libertés civiques). Une série noire de crises (monétaire en 1998, SRAS en 2003) avait brisé la croissance.
Les cadeaux de la Chine à sa nouvelle Région administrative spéciale (RAS) – l’accord douanier CEPA (Closer Economic Partnership Arrangement) – n’avaient pas suffi : au milieu du gué de son 2d mandat, Tung avait remis sa démission, pour «raison de santé»!
Enfant de la ville (fils de policier, catholique pratiquant), Tsang gravit à la valeur les rangs de la fonction publique. Dès 1995, il était le 1er grand argentier non-expat. Lors des crises, il brilla : là où Tung recevait le choc des critiques comme chef politique, Tsang prenait des mesures discrètes mais efficaces pour faire face, et se rendait indispensable. En ’98, il protégeait le HK$ des attaques spéculatives, achetant massivement des valeurs locales pour les écouler en fonds de placement des années plus tard. Ceci lui valut le respect de la finance, de Stanley Ho (casinos de Macao) à Li Kashing, l’homme le plus riche d’Asie.
En 2003 encore, Tsang gagna en crédibilité en maniant une langue transparente face à l’épidémie du SRAS. Pékin aurait peut-être désiré un homme moins proche de l’église, et plus du socialisme. Mais ce cadre compétent et non-aligné peut lui apparaître comme l’homme de la dernière chance pour la réconcilier avec HK, et faire face à la demande locale incompressible et en souffrance, d’une démocratie électorale!
Sommaire N° 20