Pol : Zhao Ziyang, un malade qui dérange

— Depuis le 12/1, le lever du drapeau Place Tian An Men, rendez-vous traditionnel des touristes et des patriotes se déroule sous des nouvelles règles strictes, avec canalisation sous la garde de 1000 soldats.

La raison est la baisse de santé de Zhao Ziyang, l’ex-1er Secrétaire du Parti communiste serait dans un hôpital d’élite, sous oxygène (pneumonie), voire mort, selon la rumeur de Hong Kong.

Fait rare : le ministère des Affaires étrangères, s’astreint à un démenti. C’est que Zhao est une figure forte de l’Histoire. En avril 1989, il approuvait publiquement l’occupation de la place Tian An Men par la jeunesse chinoise. Le 19 mai, veille de la loi martiale, en larmes, il priait les étudiants de rentrer chez eux. Depuis, il reste assigné dans une coquette résidence pékinoise.

La prudence officielle s’explique par la symbolique du pouvoir. En culture chinoise, la mort d’un cadre juste et intègre marque la fin du « mandat du ciel » et dans le socialisme, des manifestations de «deuil» pouvant dégénérer en  anarchie. Ce fut le cas pour Zhou Enlai (1976), Hu Yaobang (1989). En 2005, seuls des ex-rivaux de Zhao ou (rares) gauchistes nostalgiques peuvent redouter la remise en liberté de Zhao. Mais pour le système, Zhao décédé, peut être plus dangereux que vivant!

— Alors que la part chinoise du marché mondial s’arrondit de 25% en 2004, le coût du maintien artificiel d’un RMB sous-évalué s’alourdit. En 12 mois, ce n’est pas de 25%, mais de 51% qu’ont augmenté les réserves en devises, à 610MM$, preuve de l’existence d’un sanctuaire d’argent au “chaud”, en attente d’une réévaluation. Pour éviter un impact inflationniste, la BPdC, la banque populaire de Chine, est obligée de «stériliser» ces US$ en les rachetant : elle en a repris cette semaine pour 12MM$, soit plus de 2MM/jour.

Pour réduire cette pression, 15jours après avoir triplé le cash à l’export autorisé aux particuliers (de 723 à 2406$), la banque centrale ouvre un nouvel outil de sortie des devises : l’accès au paiement par carte de crédit pour touristes chinois en Thaïlande, à Singapour et en Corée du Sud.

— “La croissance ne peut indéfiniment reposer sur les invests publics fixes” – ainsi prêchaient les économistes en 2003. Démentant leur crédo, la Chine s’apprête cette année à doubler son investissement ferroviaire, à 12MM$, pour achever 724km de voies nouvelles, 531km de doublement et 885km d’électrification. Investissement fort nécessaire, sur un réseau si dépassé qu’il a du refuser l’an passé 33% du fret faute de capacités.

En autoroutes, l’effort est encore plus herculéen, de 16 à 18MM$ dans l’année, et un plan sur 30 ans pour un coût global de 242MM$, qui créera 85.000km d’autoroutes, 34 axes nouveaux entre des villes telles Ehrenhot (Mongolie Intérieure), Daqing (Liaoning), Lhassa… Ce réseau dense sera financé par le public, privé, étranger et fiduciaire, et  vise trois buts:

[1] créer la base logistique d’un grand marché unifié,

[2] canaliser les liquidités des provinces (leur éviter les investissements douteux et de surchauffe), et

[3] accessoirement, faire de la politique, en prétendant bâtir une autoroute jusqu’à Taipei -moyennant un tunnel de 100km d’un seul tenant, du jamais construit! ■

 

 

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