Dilemme cornélien pour le Conseil d’Etat pris en étau entre ses engagements devant l’OMC (Organisation mondiale du commerce) à établir un taux unique de taxe d’affaires sur les firmes sans distinction, et la pression des firmes étrangères qui n’en veulent pas.
Pour l’heure, les étrangers paient 15%, face aux 33% des consoeurs chinoises. Mais avec le jeu des dérogations locales, leurs taux réels respectifs peuvent descendre à 13 et 25%. L’Etat vise un taux entre 24 et 28%, bon pour les firmes locales (pour leurs exportations et leurs créations d’emploi), mais défavorable à l’étranger.
Aussi, sans surprise, ce fut la levée de bouclier de la part de 54 multinationales (BP, Siemens), soutenues par leurs Chambres de commerce et le Ministère du Commerce, dont l’influence et les revenus dépendent fortement de l’IDE (Investissement direct étranger) – 60MM$ dans l’année (+ 22% de janvier à novembre 2004). Les lobbies brandissaient le spectre d’une mort de la poule aux oeufs d’or et réclamaient une prorogation de 5 à 10 ans de leurs privilèges, au titre du « droit du Grand-père », délai pour se préparer à la concurrence d’égal à égal avec les firmes du pays …
L’intérêt du Conseil d’Etat est plus large, prenant en compte la pression sur la monnaie, les plaintes de Washington, et la réforme globale de la taxation, incluant l’introduction de la TVA et celle de la taxe au carburant (remplaçant celle de circulation). Finalement (11/1) Pékin opte pour la prudence, en accordant deux ans de sursis au système en place. A condition qu’il parvienne à présenter le nouveau cadre au vote de l’ANP – le Parlement- de 2006—ce qui est loin d’être acquis, vu que bien des firmes locales elles aussi dotées d’avantages fiscaux, font corps avec l’étranger dans la croisade corporatiste!
Sommaire N° 2