Pour ceux qui s’interrogeaient en janvier 2003 sur le style du Président Hu Jintao, deux ans d’exercice ont permis d’éclairer la scène.
Déjouant les pronostics, Hu a repris sans heurts les rênes qu’ on tentait de lui dénier. Il s’est montré plus légaliste et plus à l’écoute des défavorisés ruraux à qui il offre l’objectif lointain de小康 xiaokang, Etat providence. Mais il n’a rien cédé, ni en démocratie ni vis-à-vis de Taiwan, et il a au contraire opiniâtrement défendu les privilèges en place (Parti, APL…) : l’ambiguïté dans sa démarche, se dissipe en rappelant la règle du régime, de discipline d’équipe, et de continuité à long terme!
Question: sur ce pouvoir de la 4ème génération, où est la 5ème?
Dès 1992, Hu fut désigné par Deng Xiaoping qui voulait affranchir la Chine des guerres de succession —et d’un règne de Jiang Zemin à vie. Mais le Politbureau doit encore annoncer le successeur de Hu Jintao (Bo Xilai, Ministre du Commerce?) : en dépendent la pérennité de l’outil institué par Deng, et la stabilité future.
Homme de confiance de Hu Jintao, Wen Jiabao s’affirme. Plus que Zhu Rongji son mentor, Wen écoute le monde extérieur sur les questions engageant l’avenir, celles par ex. de la monnaie ou du crédit : des cerveaux tel Song Guoqing (Université de Pékin) sont influents, permettant l’évolution vers un pouvoir par consensus, plutôt que par intuition, comme du temps de Zhu Rongji.
La nouvelle équipe défriche une priorité originale, qui comptait pour rien avant : le développement durable.
Dès 2004, Wen s’est impliqué pour geler le projet de barrages géants sur la rivière Nü (Yunnan). La semaine passée, en route vers le sommet des Tsunamis de Jakarta, il donna à Shenzhen un mandat d’avenir : créer le 1er modèle chinois de Développement durable, avec services sociaux, recyclage etc. Pour l’instant, la Chine n’est nulle part, mais tel était aussi son cas en ’80, à propos d’industrialisation, et c’était Shenzhen qui avait montré l’exemple!
Dernier axe de la politique de Wen : très bientôt, la SDRC va renoncer à tout pouvoir d’approuver tout projet d’investissement, pourvu qu’il ne coûte pas à l’Etat. Elle se contentera de l’« examiner » et « auditer », du point de vue des règles environnementales et d’occupation des sols. Ici encore, c’est un adieu à la centralisation. Mais Wen doit encore expliquer comment réconcilier sa dérégulation avec la lutte contre les excès privés et provinciaux surchauffe, pollution, injustice sociale etc !
Sommaire N° 2