Les tsunamis de l’Océan indien ont fait vibrer en Chine le tocsin des instituts d’océanographie, dont le budget se limite, durant le Plan 2001-2005 à seulement 120M$/an.
Non que le danger soit direct : les fonds marins des 9000km de côte sont trop bas pour nourrir un raz de marée de l’amplitude de celui du 26/12/2004, et en 55 ans, la Chine n’en a connu que trois « petits ».
Pour autant, la catastrophe a imposé un état des lieux inquiétant. Tremblements de terre sous-marins, typhons, pollution marine lui coûtent chaque année 653M$ et 140 morts. Encore les chiffres sont-ils aléatoires, faute d’instruments de mesure fiables. C’est à cette lumière qu’il faut décrypter la réaction du Conseil d’Etat, annonçant (10/1) un système intégré d’alarme pour catastrophes naturelles, dont la 1ère étape sera d’harmoniser les différents systèmes, pour l’instant incompatibles!
De plus, avec le dérèglement du milieu marin, bien d’autres risques apparaissent !
[1] Les fleuves rejettent les déchets urbains, les effluents industriels (11,45Mt de matière sèche/an) et les engrais, responsables des marées rouges, prolifération d’algues sous le pic de chaleur estivale. La mer de Bohai vient en juin 2004 d’enregistrer sa 1ère marée rouge toxique à l’homme.
[2] Le pompage des nappes phréatiques provoque une vague de sécheresse et de salinisation : du 17 au 31/1, Canton acheminera 750Mm3d’eau de plusieurs cours d’eau, ce qui sera la plus grande opération du genre dans l’histoire du pays.
[3] Mais surtout, la bétonisation et le réchauffement global font s’affaisser les côtes de 2,6mm /an en moyenne, qui passeront à 7mm/an à la fin du siècle, impliquant l’engloutissement progressif du terroir de 70% des villes chinoises, 50% de la population et 60% du PIB. La seule protection concevable passe dans la recherche et la construction d’ouvrages préventifs (abris, digues).
Tout cela, l’administration centrale le savait. Mais située à Pékin, terre non marine, sa sensibilité était moins aiguisée. Le désastre intervenu chez les voisins asiatiques rappelle à la Chine que « les accidents, ça n’arrive pas qu’aux autres » : il faut alors s’attendre à d’autres réactions volontaristes à l’avenir, au prochain budget, par exemple !
Sommaire N° 2