Editorial : VENTS DE SAISON

Cette semaine, alors que les gros dossiers maturent (tel le conflit textile Bo Xilai, ministre du commerce, menace Etats-Unis et Union Européenne de rétorsions sur son marché agricole), d’autres affaires insolites occupent le devant de la scène.

[1] Le 29/5, funérailles rares à Taipei: celles de «frère moustique», alias «arbitre final»:

Hsu Hai-ching, un parrain de l’île, escorté en toute impunité par 10000 gangsters de toute l’Asie. Cette foire régionale des triades dit le prix à payer pour la mésentente sino-taiwanaise et -nippone : la pègre ne sera éradiquée que par la coopération des polices, aujourd’hui absente!

[2] La Chine vient (23/5) de rejoindre les 120 Etats partenaires du Protocole de Biosécurité de Carthagène, sur le commerce international des OGM.

 En vigueur depuis 2003, la convention régit les échanges, l’étiquetage, les contrôles et les ventes.

Selon Wan Bentai, Directeur à la SEPA (l’administration pour la protection de l’environnement) pour l’écosystème, cette ratification vise aussi la protection de la biodiversité -de l’héritage génétique. Surtout, l’outil juridique est l’ultime étape avant la mise en magasins du riz et du blé génétiques, dont la Chine a mis au point ses souches OGM (organisme génétiquement modifié), très prometteuses.

[3] Six semaines après son arrestation à Guangzhou, Pékin accuse d’espionnage Ching Cheong, correspondant du Straits Times à Hong Kong (31/5).

C’est une rupture à 10 ans d’efforts pour améliorer les rapports avec la presse, efforts qui avaient renforcé son image. Pourquoi le basculement?

En 18 ans, aucun correspondant n’a subi telle accusation. Mais Ching concentre sur lui plusieurs motifs d’exaspération. Comme toute une classe de journalistes, il opérait sur la Chine depuis Hong Kong en touriste, sans se soucier de permis ni contrôles. Il travaillait sur Zhao Ziyang, leader du printemps de Pékin 1989 (dont le 16. anniversaire vient de passer, le 4/6) : figure traumatisante pour le régime, qui ne parvient pas à la faire plonger dans l’oubli. Enfin Ching, Chinois de souche, peut être vu, en haut lieu, comme renégat. L’image même de son succès le dessert : Ching Cheong est un électron libre, parmi les plus efficaces pour améliorer le savoir sur ce régime prêt à beaucoup pour rester dans l’ombre !

Pékin dit avoir aveux et preuves d’obtention de «secrets d’Etat à la solde de l’étranger». On verra leur crédibilité lors du procès. Ching risque la peine de mort.

 

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