A la loupe : Japon – Chine : d’un affrontement à l’autre

Entre Chine et Japon, les dernières tensions suivent le même schéma que celles du mois dernier, avec Tokyo en catalyseur et Pékin en déclencheur

En avril 2005, le 1er Ministre J. Koizumi avait été au sanctuaire de Yasukuni, où gît un général pendu en 1945 pour crimes de guerre.

En Chine par suite, des manifestations avaient frappé ambassade, consulat et intérêts nippons. Le 17/5, veille d’arrivée de la vice 1er ministre Wu Yi, J. Koizumi insiste, disant ne «pas comprendre» qu’on puisse associer militarisme et ses visites au temple. Le 22/5, Hu Jintao déclare que «les relations ne tiennent qu’à un fil». Le 23/5, Wu Yi rompt une entrevue avec Koizumi, citant des «affaires urgentes» – avant de repartir pour Oulan Bator!

Très inconfortable, le chef du gouvernement nippon tente à la fois d’obtenir (contre tout réalisme) des «explications», et de désarmer la bombe, au nom des indispensables bonnes relations- des 170 MM$ d’échanges de 2004, du besoin mutuel de ces grands pays, la Chine apportant un marché déjà important et (par sa main d’oeuvre) le maintien de la compétitivité nippone, tandis que le Japon transfère en Chine une technologie irremplaçable.

Entre la dynamique d’affaire et la conscience nationale, c’est la dernière qui l’emporte : prix à payer de part et d’autre, pour avoir fait l’impasse sur une analyse commune du passé –  avoir voulu croire à une phase de croissance sinon illimitée, du moins assez longue pour permettre l’oubli.

Jusqu’où les choses vont-elles aller?

Faute de pouvoir se déjuger, et soutenu par des intérêts financiers réactionnaires, Koizumi devrait retourner à Yasukuni. Pékin a de bonnes chances de répliquer par une rupture des relations. En cas de crise, il a l’avantage d’un peuple discipliné (conditionné), face à une société japonaise démocratique et divisée. La Chine joue la pression, afin d’éveiller l’archipel nippon au danger pour la croissance commune – 1,7% du PIB nippon en dépendrait, et des millions d’emplois chinois.

NB : sans doute, ses fragilités internes et notamment son isolement conjoncturel mondial, privent la Chine de souplesse dans cette affaire. Ayant raté la normalisation à l’époque favorable, les deux pays vont devoir trouver la ressource pour la faire, en des temps ingrats!

 

 

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