Le Vent de la Chine Numéro 18
10.000 km n’empêchèrent pas la Chine de hanter le referendum du 29/5 sur la Constitution européenne: les voix du Oui comme celles du Non reflétèrent la crainte dans l’opinion française, de la puissance neuve de la Chine!
Le Non! punissait Bruxelles et Paris pour la vive pénétration des produits chinois,et exprimait l’espoir (absurde)de prévenir les pertes d’emplois et d’activité par un calfeutrage des frontières. Il disait aussi la peur, en soi honorable, d’un recul de la démocratie en Europe, ébranlée (désarçonnée)par les succès d’un régime chinois autoritaire!
Le Oui! constatait la même menace, mais en tirait d’autres conclusions: ce n’est pas moins, mais plus d’Europe qui sauverait l’acquis social, par la défense communautaire des 25 pays membres, sous une seule bannière.
NB : dans cet arc-en-ciel d’opinions, très peu de votants ont vu les chances d’avenir: que la Chine allait forcément faire son apprentissage aux responsabilités mondiales; que sa croissance non durable allait se calmer; et que sa demande d’Europe serait toujours plus forte, en biens et services exclusifs de notre continent. Cette vision pessimiste pouvant se lire comme parti pris typique d’une époque depuis longtemps déprimée!
Pendant ce temps, à Bruxelles (24-25/5), l’Union Européenne et Gao Hucheng, le vice-ministre discutaient du conflit textile.
Dès le 27/5, la Commission porta officiellement le conflit devant l’OMC ( l’organisation mondiale du commerce) : la Chine a désormais 15 jours pour réduire son export de chemises de coton et fil de lin vers les 25, à +7,5% sur les 12 derniers mois. Pékin, pour l’instant, tient bon : nul besoin de faire avant l’échéance une concession qui ferait tâche d’huile pour le monde entier et pour tout textile.
Au même moment, Washington haussait le ton sur deux autres volets, exigeant une réévaluation du ¥ Yuan de 10% (c’est la 1ière fois qu’il donne un chiffre), et menaçant Pékin d’une plainte à l’OMC pour son trafic de DVD pirates.
Sur un ton moins retenu, l’OCDE (l’organisation de coopération et de développement économique) rappelait les risques (inflation et surchauffe) posés par son maintien d’un taux du ¥ inéquitable.
Ajoutez la tempête avec le Japon, la procédure indienne antidumping contre la soie chinoise… Décidément, en matière de relations extérieures, le pouvoir chinois doit se sentir soudain dans des eaux agitées, loin de la sérénité de l’an passé !
Hydre de tous les régimes où l’ordre socialiste n’est plus respecté, la mafia chinoise darde ses têtes, plus vite que le système ne sait les trancher. Décimées en 2001 par une gigantesque opération coup de poing (1 million d’interpellations), les triades 三合会 sanhehui, «sociétés des 3 harmonies» resurgissent, comme le disent ces deux nouvelles du jour :
[1] Chen Yifeng de Shenzhen, héros local est en prison.
Son image d’édile provincial et de bienfaiteur des pauvres, n’était qu’une couverture pour un rôle de redoutable parrain. En 11 ans, sa PME s’était métamorphosée en un consortium Guangfenghua, moins par la qualité de ses matériaux de construction, que par les armes de ses 100ainesde nervis, dont 24 comparaissent avec lui. Même le coup de feu avec la police (13 depuis 1995!) ne lui faisait pas peur. A l’ombre depuis avril 2004, Chen voit son procès s’ouvrir (17/5). L’ordre est donc rétabli, à un petit détail près : le parrain comparaît à Luohu, dans son fief, et si les juges l’accusent de l’extorsion de 20M$, ils ont oublié le chef d’accusation de meurtre : Chen ne risque donc que la prison à vie!
[2] A Zhongshan (Guangdong), Wen Chong, brillant journaliste de 30 ans au Southern Metropolis est agressé chez lui par des inconnus.
Lauréat d’un prix de l’UNESCO pour sa couverture de l’épidémie du SRAS, les malfrats le rouent de coup, avant de lui trancher index et majeur droit-«dernier avertissement» notoire. Ni motif, ni commanditaires n’ont été dévoilés (loi du silence).
Wen pourrait être victime d’industriels corrompus ou de parrains, mais aussi d’apparatchiks exaspérés par ses révélations qui, lues à Pékin, compromettaient leur avancement. Justement, pour cette même affaire, deux confrères de Wen purgent 11 et 12 ans de prison, sous l’accusation de « détournement de fonds »!
— Jeux Olympiques oblige, Pékin doit accélérer l’équipement en métros.
Faute de se doter d’un plan de transports intégrés, la mairie a misé sur le tout-auto, puis sur un métro «100% local», puis sur une JV (ligne 5) dont le partenaire Lavallin (Canada) s’est retiré à mi-course. A présent, Pékin s’en remet aux professionnels, à leurs conditions.
Logiquement, c’est MTR, le métro de Hong Kong qui emporte la ligne N°4, du Nord-Ouest au Sud. Pour 30% des 1,86MM$ d’investissement, MTR obtient 49% de la JV, et 30 ans de concession.
C’est une 1ère nationale : auparavant, ce type de financement «BOT» (Build-Operate-Transfer) imposait tous les frais à l’étranger! MTR fournira les rames, la signalisation, le paiement électronique. Pékin fore déjà les tunnels (29km). Sur ce modèle précurseur, quatre autres lignes (N°5, N°9, N°10, aéroport) sont à pourvoir!
— Bras commercial de la Banque Mondiale et financier de projets de développement, l’IFC (International Finance Corp.) jette l’éponge face à la banque chinoise, estimant que ses 150M$ placés depuis 1999 dans 5 banques émergentes (Minsheng, Bank of Shanghai, Nanjing Commercial, Xi’an Commercial, Bank of Beijing), persistent à ne rien rapporter.
Aucune raison n’est donnée – mais le mal est connu, lié à l’absence d’indépendance des banquiers face aux caciques locaux, d’évaluation fiable du risque de prêt, et au carcan réglementaire. L’IFC veut se réorienter vers l’assurance (plus lucrative), le courtage (où il a plus de savoir faire à transférer) et la finance rurale (plus sociale).
Ainsi, IFC prépare la reprise à 5% de Changjiang Peregrine Securities, compagnie boursière de BNP-Paribas. Avec le hollandais Rabobank, leader mondial du prêt rural, il veut entrer en force (24,5%) dans la coopérative de crédit rural de Hangzhou -à condition de réussir d’abord à réformer l’encadrement de cet établissement du Zhejiang à la dérive !
— Premier assureur étranger en Chine (dès 1919), AIG (US) avait été le 1er à y revenir dès 1992, grâce à l’amitié entre H. Kissinger (son Président) et Jiang Zemin.
Mais la roue tourne. Alors que l’assurance étrangère bat la locale à plate couture (13% du marché en 2004 contre 2,3% en 2003), le cabinet Wen Jiabao voit d’un oeil critique la progression d’ AIG (+36,8% en 2004). D’autant que ce dernier aurait joué avec le feu, ayant vendu en contrebande depuis Hong Kong des polices en Chine.
L’OMC (l’organisation mondiale du commerce) d’autre part, ne lui a rien valu de bon.
En 2001, l’Union Européenne a obtenu le droit à des JV à 50/50% (donc, sous contrôle étranger). Au nom du “droit du grand-père” (sic), AIG était “dispensé” de ce qui semblait alors un boulet au pied. Mais dans la course aux provinces, il se trouve ligoté à Shanghai, privé de partenaire à réseau ramifié. Tandis que mariée à la CNPC (la compagnie nationale du pétrole), Generali encaisse les 390.000 pensions de CNPC avec 2.4MM$ de prime (pour le rattrapage des cotisations de toute leur vie), puis s’apprête à vendre partout ses contrats dans les guichets CNPC. Fait inouï, dès ce 1er trimestre, l’italien dépasse comme n°1 en Chine AIG, qui réfléchit dur, dur !
Entre Chine et Japon, les dernières tensions suivent le même schéma que celles du mois dernier, avec Tokyo en catalyseur et Pékin en déclencheur.
En avril 2005, le 1er Ministre J. Koizumi avait été au sanctuaire de Yasukuni, où gît un général pendu en 1945 pour crimes de guerre.
En Chine par suite, des manifestations avaient frappé ambassade, consulat et intérêts nippons. Le 17/5, veille d’arrivée de la vice 1er ministre Wu Yi, J. Koizumi insiste, disant ne «pas comprendre» qu’on puisse associer militarisme et ses visites au temple. Le 22/5, Hu Jintao déclare que «les relations ne tiennent qu’à un fil». Le 23/5, Wu Yi rompt une entrevue avec Koizumi, citant des «affaires urgentes» – avant de repartir pour Oulan Bator!
Très inconfortable, le chef du gouvernement nippon tente à la fois d’obtenir (contre tout réalisme) des «explications», et de désarmer la bombe, au nom des indispensables bonnes relations- des 170 MM$ d’échanges de 2004, du besoin mutuel de ces grands pays, la Chine apportant un marché déjà important et (par sa main d’oeuvre) le maintien de la compétitivité nippone, tandis que le Japon transfère en Chine une technologie irremplaçable.
Entre la dynamique d’affaire et la conscience nationale, c’est la dernière qui l’emporte : prix à payer de part et d’autre, pour avoir fait l’impasse sur une analyse commune du passé – avoir voulu croire à une phase de croissance sinon illimitée, du moins assez longue pour permettre l’oubli.
Jusqu’où les choses vont-elles aller?
Faute de pouvoir se déjuger, et soutenu par des intérêts financiers réactionnaires, Koizumi devrait retourner à Yasukuni. Pékin a de bonnes chances de répliquer par une rupture des relations. En cas de crise, il a l’avantage d’un peuple discipliné (conditionné), face à une société japonaise démocratique et divisée. La Chine joue la pression, afin d’éveiller l’archipel nippon au danger pour la croissance commune – 1,7% du PIB nippon en dépendrait, et des millions d’emplois chinois.
NB : sans doute, ses fragilités internes et notamment son isolement conjoncturel mondial, privent la Chine de souplesse dans cette affaire. Ayant raté la normalisation à l’époque favorable, les deux pays vont devoir trouver la ressource pour la faire, en des temps ingrats!
— Année de feu pour les oiseaux de feu en Chine, 2005 voit naître cinq compagnies privées dont Okay, United Eagle, Spring et Huaxia.
Mais le 1er vol est celui de tous les dangers, avec la hausse de 90% du kérosène en 12 mois et la piste d’envol savonnée par la concurrence, tel le discount d’Air China le 1er mai à 60 – 70%, suivi par Southern sur 22 destinations. L’administration aussi, retarde (sciemment ou par incompétence) les permis d’acquérir nouveaux avions et liaisons, l’entrée au réseau centralisé de réservation, et leur impose une caution discriminatoire sur le carburant : autant de moyens de griller les réserves en cash des débutants, et de gêner l’amortissement des avions.
Ceci n’empêche pas 2 groupes, Yi Yang et Huirun de souffler aux enchères Shenzhen Air à Air China. 65% de Shenzhen Air étaient à prendre: les «insolents» ont payé 329M$, 1million de plus qu’Air China, qui rate une affaire : Shenzhen était une des rares compagnies profitables, ambitionnant de passer avant 2010, de 40 à 100 appareils !
— L’Eximbank américaine confirme son fonctionnement politique et hors commerce.
Un des producteurs locaux de galettes de silicium (base des puces électroniques), SMIC (Semi-conductor Manufacturing Int’l Corp.) sollicitait un prêt Eximbank de 600M$, pour payer un lot de machines à galettes de 30cm (nouvelle génération). Les Etats-Unis se plaignent d’une protection lourde des équipements made in China, qui cause un report rapide de l’activité vers la Chine. L’Eximbank refuse donc le prêt, qui renforcerait une concurrence à son propre secteur.
Mais ce veto n’empêchera pas SMIC de réaliser l’opération : le contrat financier devrait revenir à des banques locales, et les fournitures seront commandées au Japon, croit savoir Bloomberg!
— Combien sont les pauvres en Chine?
“50M”, répond le pouvoir, fier d’avoir tiré de la misère 300M d’âmes depuis 1978. Mais Li Shandong, expert au Conseil d’Etat met un bémol : à “moins de 75$/an”, la définition publique place la barre trop bas.
Selon le critère de l’ONU (– d’1$ /j), ce sont 210M de Chinois qui ne mangent pas à leur faim! Or, poursuit Gao Guangsheng, vice directeur à la NDRC (National Development and Reform Commission), l’écart s’approfondit entre Est et Ouest du pays. De 2,1 contre 1 en 1990, il est passé à 3,24 en 2003.
Durant ces 14 ans, en développement relatif, l’Est a monté de l’indice 58,7 à 62,5, l’Ouest baissé de 13,8 à 13,2…
Ce fossé grandissant a son prix. Les pauvres de Chine jaune migrent vers la Chine bleue. D’ici 2020, ils seront 400M à s’être engouffrés dans les villes, surtout vers les deltas du Yangtzé (Shanghai), des Perles (Canton), et le bassin maritime de Bohai (Pékin, Tianjin), 3 régions qui pèsent aujourd’hui 3% du territoire, 12% de la population, 40% du PIB …
Face au monstrueux défi, le pouvoir fait ce qu’il peut : 1,8MM$, en 2004, en programmes anti-pauvreté, 1,2MM$ pour l’école gratuite à 2M d’enfants pauvres… Mais l’alarme lancée montre bien que l’on est loin du compte!
— Début mai 2005, le Président ouzbek I. Karimov lançait la troupe à Andijan en rébellion – 745 morts.
Quinze jours après (25/5), il est l’hôte de Hu Jintao, à Pékin qui “soutient fermement la répression (…) du séparatisme, du terrorisme et de l’extrémisme”. Bien peu occidentale, telle réaction était pourtant prévisible.
Pékin a conscience d’un risque islamiste en Asie centrale, qui vient de renverser le régime modéré d’O. Akaiev au Kirghizstan, et pourrait embraser son Xinjiang ouighour, s’il n’y prenait garde. Pékin croit cette déstabilisation évitable.
D’autre part, depuis 2002 (suite à la guerre afghane), il doit souffrir la présence militaire US dans la région et souhaite y mettre fin. Il s’inquiétait aussi du peu de progrès de la SCO (Security Cooperation Organisation), dit club de Shanghai, l’outil de son influence.
Enfin, ce dont il est question ici aussi, est surtout le grand jeu du pétrole d’Asie Centrale, désormais rare et cher, que tout le monde courtise!Sous tous ces rapports, c’est un grand coup que Pékin frappe, en soutenant le dictateur en difficulté. Coup récompensé sur le champ par un contrat d’hydrocarbures de 600M$ (annoncé le 25/5). Un contrat très politique, du type de ceux remportés au Soudan : c’est dans les moments difficiles que l’on reconnaît les amis—et réciproquement !
Entre le SRAS (le syndrome respiratoire aigu sévère) de 2003 et la grippe aviaire de 2004, la crainte d’une épidémie animale réapparaît.
La Chine dit avoir découvert au lac Qinghai, mais nulle part ailleurs, 1000 oiseaux migrateurs morts du virus H5N1 de la grippe aviaire. 53 Vietnamiens, Thaïs et Cambodgiens ont péri depuis décembre 2003, soit 50% des contaminés, ce qui fait craindre à l’OMS (l’organisation mondiale de la santé) l’apparition de nouvelles souches plus pathogènes. Aussi Pékin annonce la vaccination d’urgence de 3 millions de volailles autour du foyer de contamination, tandis que toutes les réserves naturelles étaient mises en quarantaine.
D’autre part, à Dabailou, en bordure de Pékin, 2000 vaches laitières ont été secrètement abattues en avril-mai. Les éleveurs confirment, l’administration nie jusqu’au 27/5. Comme lors du SRAS en 2003.
L’autorité sanitaire a admis 2 foyers mineurs à Tai’an et Wuxi (223 vaches abattues). Légitime, mais risqué, l’enjeu est d’éviter des abattages massifs de boeufs et de cochons, après ceux, douloureux, de volailles l’an passé. Entre la détection de ces foyers et leur déclaration à l’O.I.E (organisation mondiale de la santé animale), les trois semaines passées apparaissent aux experts étrangers un délai très long, pouvant suggérer une dissémination à travers le territoire—dans jusqu’à 15 provinces, disent certains.
Avis de David Ho, chercheur new-yorkais : en cas de pandémie, la Chine serait frappée de plein fouet, faute de système épidémiologique au point voire pour commencer, faute d’un bon réseau hospitalier.
La pratique du secret d’Etat sur de telles affaires, et la mise à l’écart de la base et de l’étranger, n’arrange rien. Ajoutons que l’humanité entière n’est pas si mieux lotie : pour juguler une pandémie qui frapperait 20% de l’humanité, seul un réseau mondial de vaccination ferait l’affaire, il est encore à naître!
A Wuhan (Hubei), juste avant le chunjie, le nouvel an chinois, une centaine de cadres reçurent un mot désagréable qui leur susurrait : «Salut, mon ‘petit miel’, tu me re-mets? Tu me manques -ah, nos ébats! J’suis pas en fonds, désolée, mais tu dois m’aider! 2000¥, et à ç’prix-là, j’dirai rien à personne, ni à ta femme, ni à ton boss, juré! ».
Alertés, les policiers remontèrent au corbeau – ou plutôt à la pie, et eurent deux surprises:
[1] petite coiffeuse juste montée à la ville, la coupable menait une vie des plus rangées, et n’avait de liaison avec personne : le crime n’était que dans sa tête.
[2] Le temps qu’ils la rattrapent après 2 mois (signe éclatant d’incompétence, car la néophyte avait laissé sur ses messages son adresse bancaire!), ils trouvèrent sagement couchés sur son compte, bien au chaud 60.000¥ : pas moins de 30 victimes avaient jugé prudent d’obtempérer!
On imagine l’embarras des limiers, forcés d’aller rendre à ces «huiles» cet argent, preuve de leurs fredaines!
Mais le plus curieux, fut la confession de la shampooineuse : elle avait été inspirée par le journal, suite à l’arrestation d’un autre maître chanteur qui réservait ses coups aux grands corrompus du Parti. « Zuo Zei xin xu (做贼心虚)», dit-elle, «à faire le bandit, on attrape mauvaise conscience: voler ce genre de type, c’est ne voler personne ».
A cette déclaration, les policiers en sont restés bouche bée. Le temps qu’on écrive cette histoire, un autre escroc justicier se faisait prendre, inspiré par la coiffeuse, à qui la prison a entre-temps donné l’aura d’une héroïne populaire !
— 29 mai-4 juin, Shanghai: semaine Marseille- Provence
— 31 mai-2 juin, Shanghai: Int’l Water Supply
— 03-07 juin, Shanghai: Shanghai Textile 2005