La Chine « est sincère » dans sa demande de normalisation avec le Vatican : telle est l’étonnante réponse du porte-parole officiel à la main tendue de Benoît XVI, (1ère action politique du nouveau pape), à « tous les pays sans liens avec le Vatican » (Vietnam, Arabie Saoudite, Chine). Le prix serait « la tête de Saint Jean-Baptiste » – ou plutôt celle de Taiwan, que Rome s’est déjà déclarée prête à sacrifier : entre 300.000 fidèles insulaires et 15M de continentaux, la question ne se pose pas!
Pékin ne parle plus de ses deux autres exigences, la nomination des évêques, et les lettres pastorales, droit du Pape à faire lire ses messages en chaire. Omission ambiguë, qui peut se lire indifféremment comme une réponse biaisante – l’éternelle nécessité de ne pas apparaître responsable de l’échec -, ou bien comme un tournant à 50 ans d’anticléricalisme sans concession. Comme si l’invitation du Président taiwanais Chen Shui-bian aux funérailles de Jean-Paul-II, était apparue au régime comme un avertissement, plutôt qu’une provocation!
Des deux traductions, quelle est la bonne? L’avenir dira !
Sous réserve d’inventaire, entre ces deux pôles de foi religieuse et socialiste, le bon sens pour l’instant prévaut.
Le régime a besoin de religion pour nourrir l’évidente demande locale en spiritualisme. Joseph Ratzinger fait mentir sa réputation de conservateur et s’avère prêt à des sacrifices pour obtenir l’accès à son troupeau, pouvoir former son clergé, accueillir ses millions de vocations en souffrance.
Enfin, demeurent en place les adversaires acharnés à cette normalisation : les hauts cadres du clergé rallié, les nostalgiques rouges, le clergé de Hong Kong : tous ceux qui auraient à perdre dans la fin du schisme !
Sommaire N° 17