Petit Peuple : Jilin – de la rage de vivre érigée en art

En 1996 à 23 ans, Song, ouvrier chimiste de Jilin devint (privilège douteux!) la 1ère victime connue de l’industrie nucléaire chinoise.

A son insu, la chaînette qu’il avait ramassée à terre, dans son usine, était un instrument en iridium 192, aux radiations létales… 90 minutes après, il vomissait, ne tenait plus debout. Deux ans et 7 opérations plus tard, pensionnaire d’un lazaret, il avait été amputé des jambes, du bras gauche, des doigts droits et du sexe.

Rapatrié au village, tout ce que sa mère put lui offrir, pour meubler ses jours, fut un téléphone. Un 23 décembre à 5h du matin -son anniversaire, en plein désespoir, il composa un appel fou, au hasard de ses moignons. Il tomba sur l’assistante d’un médecin qui, pour des raisons aussi obscures que la pénombre autour d’eux, ne le repoussa pas. L’échange dura 4 heures, et fut suivi d’autres. Deux semaines après, ils étaient ensemble. Chose rare en Chine, même le handicap de Song ne découragea pas la fille de 同舟共济 tong zhou gong ji, «franchir avec lui les rapides dans le même es-quif» -tout lâcher pour lui. Avec son soutien, Song remonta la pente, attaqua l’usine, obtenant 487,873¥ de dommages et intérêts. L’argent finança des prothèses, suite à quoi il s’attela au roman de sa vie, best seller de l’an passé et imminent feuilleton à la CCTV.

Mais qui va croire, après cette odyssée pleine de coups de théâtre, que les Chinois n’ont pas dans le ventre neuf vies, et ne sont pas champions du monde dans l’art de rebondir?

 

 

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