Après 11 ans, Zhang s’en retournait à Jingshan (Hubei), sa ville d’enfance pour faire sa paix avec elle-même: elle allait voir son mari plaqué autrefois, à cause de ses troubles mentaux à elle, et de son amante à lui.
L’atterrissage dans son passé fut dur, face à un voisinage hostile. C’est que 3 mois après sa fuite à la cloche de bois, un cadavre putréfié était découvert. Les limiers n’avaient pas tardé à éclaircir l’affaire : la morte, c’était elle, et l’assassin She Xianglin, son mari, bien sûr! A la va vite, l’interrogatoire dans la “salle à baffes” apporta toutes les “preuves” du monde. Mais l’inculpation mit la ville en rage : tout le monde savait les contradictions partout dans les “aveux”. La cour le savait aussi – mais dans ces contrées, il n’est pas dans ses us de démentir le policier.
Aussi en compromis, au lieu d’une peine de mort, ce fut de 15 ans que She écopa, dont il en purgea 11, jusqu’à la résurgence inopinée de l’infidèle, entre-temps bigame!
L’intérêt de cette “erreur” judiciaire, est moins dans son originalité (elle est en fait banale) que dans le regard de la presse, petite ripoux et la justice lâche, qu’on retrouve (business oblige), jusque dans l’ultra conformiste Quotidien du peuple.
Suite logique à cette faute de l’Etat, She aura droit à compensation, pour ses 11 ans de vie gâchée. L’avocat réclame de 1 à 10M¥ : Pour She, pour sa mère décédée après 9 mois de prison pour avoir trop intercédé, pour son frère en ayant fait 41 jours et les voisins ayant pris 3 mois pour cause de témoignage.
Mais au fond, le plus grand pretium doloris sera causé par les 11 ans de silence abysmal sur ce déni de justice, où 1000 plaintes partirent du bas vers le haut, qui toutes furent “englouties comme pierres dans l’océan”, 石沉大海 shi shen da hai!
Sommaire N° 14