Wang Yue ferait une belle héroïne de cinéma.
Depuis sa naissance en 1990 sur une jonque du Yangtzé, elle vit ses parents se briser les reins à transporter du sable pour une paie de misère. Chaque année sur la péniche, le ventre de maman s’arrondissait, jusqu’à ce que le ciel leur accorde un héritier, au 8èmeessai! Depuis 2 ans déjà, le couple l’avait placée avec ses soeurs à Taixing (Jiangsu) chez la grand-mère, pour ne plus les avoir dans les jambes au milieu des flots.
Le problème vint en 2000: l’ancêtre décéda. Après les funérailles, il fallait vivre : les Wang donnèrent 500¥ à l’aînée et repartirent, pour ne réapparaître que 4 fois l’an, gardant contact épisodique, par téléphone chez la propriétaire. Quand la bourse était vide, l’aînée se rendait au RV sur le débarcadère, où un marinier lui portait les petits billets des parents. Aguerrie
(百炼成钢 bai lian cheng gang, «trempée comme l’acier, à la dure»), Wang put nourrir ses soeurs ET aller à l’école, quitte à réviser été comme hiver à la chandelle. Elle quitta la classe en 2003 pour assister les soeurs dans leurs études. En2004, elle réintégra, la cadette prenant son tour de garde de la maison. On note l’aspect moral de ce clan, qui trouve son salut dans sa cohésion. La censure a un autre motif de favoriser ce genre d’histoire: la cause de ces souffrances, la natalité débridée, qui prouve a contrario le bon sens du 计划生育 jihua shengyu, du contrôle des naissances !
Sommaire N° 13