— Depuis six mois, Minmetals, géant des métaux non ferreux tentait de reprendre (5,6MM$) le Canadien Noranda et Cnooc, n°3 pétrolier guignait son homologue US Unocal (13MM$) : tous les 2 ont raté, même si Minmetals s’accroche (pour un Noranda qui désormais coûterait 8MM$).
Unocal a été repris le 4/04 à 17MM$, prix d’ami, par son compère Chevron.
Ce double échec sanctionnait la tentation de brûler les étapes et une double méfiance, celle des vendeurs ET celle de Pékin (co-investisseur par Banque du Développement interposée), face au risque de faillite ultérieure.
Remis de leur ivresse, ces groupes passent à des investissements moins flambards.
Minmetals décroche (13/4) un contrat de fournitures à Gerdau Acominas, sidérurgiste brésilien pour 240M$, et va racheter au chilien Codelco, pour 0,5MM$ la mine de Gaby (cuivre).
Cnooc(8/04) rachète 17% des sables bitumineux de l’Alberta, pour 121M$, le reste demeurant au propriétaire MEG, gisement rendu rentable par l’envolée des cours, aux réserves de 2MM de barils d’équivalent pétrole.
NB : Le bitume canadien apprendra à Cnooc (China National Off-shore Oil Corp) les techniques modernes d’extraction et raffinage, qu’il réutilisera ensuite sur les champs chinois ”épuisés”. Ainsi, ce que Minmetals et Cnooc rachètent surtout, est le temps d’apprendre.
— Le financement “mezzanine” arrive en Chine, type de prêt lourd à 8-10 ans,offert par des Cies financières quand les banques refusent d’intervenir, qui doit son nom à sa priorité en cas de faillite entre 2 étages, après la banque, avant les autres créanciers. Doté de 200 à 600M$, Development Partners est dans les langes, JV entre FMO (Netherlands Development Finance Company, agence semi-publique des Pays Bas) et Value Partners, fonds local. Seront bénéficiaires des PME des villes de l’intérieur.
Cette manne va avec une pluie de conditions signifiant “dilettantes, s’abstenir!”: l’entreprise doit être moyenne plutôt que petite- l’investissement ira jusqu’à 250M$. Elle doit être sans accès aux banques étrangères. Elle doit prouver sa profitabilité, et son potentiel. Priorité ira à l’éducation, la pharmacie, la banque, l’agriculture et au commerce de détail. Ainsi, venue du bout du monde, c’est une forme moderne d’assistance à la fusion-acquisition, loin des régions riches!
— BHP Billiton a fini par céder (13/04) : le minéralier australien renonce aux 10$/t de hausse aux aciéries chinoises, en révision du forfait de transport (cf VdlC n°12).
La pression a été vive, de la part des acheteurs et du pouvoir, jouant sur la visite imminente du 1er ministre australien John Howard à Pékin (18/04) pour lancer les pourparlers d’accord de libre échange (ALE).
Surtout, le pool chinois mené par Baosteel a su traiter à part avec Rio Tinto, avec son produit qui part de la même région minière. BHP baisse pavillon, sous prétexte de garder bons rapports avec le pays qui achète 25% de son minerai de fer. Mais le débat reprendra, prévient Graeme Hunt, PDG du groupe, “dès l’an prochain”!
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Sommaire N° 13