— La sidérurgie céleste a longtemps vécu dans le meilleur des mondes, profitant de son marché et imposant aux fournisseurs ses tarifs léonins.
Mais le marché du minerai vient de s’inverser, du fait de la faim chinoise insatiable en minerai.
Au 1er avril 2005, VDRC – Vale do Rio Croce – (Brésil) et Rio Tinto (US) ont imposé au syndicat d’achat Baosteel (+ 16 aciéries) un coup de bambou de +71,5%. C’est alors que BHP Billiton le fournisseur australien donne le coup de pied de l’âne en exigeant une surtaxe de 7,5$/t, qui correspond à la moitié d’une épargne de 15$/t sur le transport, (la distance Chine-Australie étant plus réduite que celle vers Brésil ou US, mais le tarif étant unique) que le Chinois empochait seul jusqu’alors. Aussi sidérurgistes et diplomates chinois tentent d’infléchir Canberra, au nom de l’amitié, et du fait qu’à terme, le minerai aussie verrait son prix doubler, à 60$/t!
NB: BHP aurait aimé renvoyer l’ascenseur à la Chine, en lui louant Falcon, sa technologie aéroportée de détection de veines minières. Mais le Pentagone a dit “non!”, au nom de l’embargo sur les armes à la Chine. C’est son droit, Falcon étant un brevet Lockheed Martin, même si l’application civile est propriété exclusive BHP.
— A Linkou (Taipei), Quanta est devenu en 15ans 1er mondial de l’ordinateur portable, au chiffre d’affaires estimé (2005) à 7,6MM$.
Quanta travaille à façon pour les grands, Dell, Apple, Sony et surtout HP. Mais sa marge bénéficiaire, comme pour tout produit en fin de cycle, a fondu comme les glaciers (-18% au 3. trimestre2004.) : c’était prévu par Quanta, qui vient d’achever pour 16M$ (sources internes) sa 6ème usine à Shanghai, et s’apprête à y délocaliser 45% de sa production soit, pour 2005, 5,6M de laptops. Ceci ne veut pas dire un abandon de Taiwan, au contraire. Quanta achève aussi, dans l’île, un centre de R&D -recherche et développement- à 140M$, où travaillent 2000 chercheurs.
En 2007, ils seront 5000, qui créeront les produits d’avenir, convergence entre téléphone, TV, PC et domotique. Ainsi les deux rivages du détroit se partagent les tâches : production massive à faible marge pour Shanghai, recherche en amont à haute marge pour Taipei!
NB : deux autres groupes mondiaux renforcent leur production sur le continent, avec à la clé, élargissement de la gamme des produits. Pour 70M$, le suédois SKF –Svenska Kullager Fabriken- n°1 du roulement à bille, se renforce d’une usine à Dalian (Liaoning) et de 3 nouvelles chaînes à Shanghai, avec pour clientèle la métallurgie, l’énergie, la mine, la construction, l’auto… Nexans, le spécialiste planétaire du câble à façon, inaugure le 6/04 sa 4ème usine (filiale à 100%), pour un investissement de 22M² qui fournira d’abord la construction navale et les chemins de fer, les centrales nucléaires, pour un chiffre attendu de 15M²/an d’ici 2009.
— Tant espérée outre-Manche, la reprise de Rover par SAIC – Shanghai Automobile Industry Corporation– a fait long feu.
Des années de négociations capotent. Le plan de sauvetage injectait 1,85MM$, dont 70% par SAIC, 20% par Nanjing Auto et 10% de Londres, en grâce d’impôts. A force d’éplucher les comptes, le 1er constructeur chinois s’est convaincu que Rover n’était pas sauvable, faute d’investissements depuis des lustres, et vu les nuages noirs sur le fonds de pension.
Pour Rover, c’était la dernière chance, et c’est la faillite, coulant 6100 jobs directs, voire 10 fois plus d’indirects—toute une région des Midlands.
Pour Tony Blair, c’est la douche froide, juste avant ses législatives de mai : son appel infructueux à Hu Jintao (6/4) dit bien son désarroi.
Quant à Saic, il vient de rappeler son grand besoin de marque-fleuron, ainsi que sa prudence et maturité en affaires!
–
Sommaire N° 12